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Le blog des auteurs libres

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Pop rock music, chanson française, biographies express de personnages hors du commun, faits de société


Mistinguett, star du début du 20ème siècle (3)

Publié par Daniel LESUEUR sur 7 Juillet 2014, 15:57pm

Catégories : #CINEMA, #musique

Pas très chic mais cependant moins scandaleuse que la légende veut le faire croire, « la Miss » (1875-1956) représentait avant tout le culot et la gouaille parisienne

Elle sait tirer parti au maximum des médias.

Son coup le plus spectaculaire consista sans doute, en 1913, à poser pour la presse au côté de l'immense vedette Félix Mayol, et de faire circuler la rumeur qu'ils allaient se marier. C'est la même année qu'à l'instar de Colette (qui l'avait précédée de trois ans) elle adopte le style androgyne, bien avant Dietrich.

Mayol, quant à lui, ne semblait pas déborder de virilité !

Tout semble bon à Mistinguett pour faire parler d'elle

Autre exemple de son emprise sur les médias : en 1919, alors qu'elle est encore à bord du paquebot France, elle déclenche, à coup de radiotélégrammes, une campagne de promotion axée sur la valeur de ses jambes, qu'elle aurait soi-disant assurées pour 500 000 francs, et qu'elle accepte, à New York, pendant huit jours, de laisser photographier par la presse.

"On dit / Que j'fais voir mes gambettes... / C'est vrai".

En 1924, la valeur en serait passée à un million. Et en 1941, un hebdomadaire titre "Ces jambes valent trois millions". On pourrait la croire exhibitionniste ! Elle fait également de la publicité pour d'innombrables produits (du cherry, des crêpes bretonnes et des spaghetti, des bijoux, du savon, des fourrures, des parfums... et des bas, évidemment, pour gainer ses gambettes) afin de continuer à populariser son image. Et aussi pour engranger des recettes.

Premières attaques perfides...

Jamais elle ne cacha son penchant pour l'argent, et reconnaît volontiers qu'elle est plutôt radine : - On dit partout, et on répète / Que j'lâche pas mes pépettes / C'est vrai. Les premières critiques fusent...

En 1933 elle n’est plus toute jeune, beaucoup s’en faut !

Sans complexe, à 58 ans, elle s’exhibe comme une jeunette et propose « Folies en folie » aux Folies-Bergère. "Les vieux amoureux de la Miss ont du brouillard dans les yeux. Mais il faut aussi qu'elle danse, et les choses vont moins bien" (Robert Kemp, VU, décembre 1933). Qu'importent les quolibets !

En 1940, âgée de soixante-cinq ans, elle entamera encore une tournée qui porte le titre sans équivoque de « Mistinguett... C'est Paris ». Elle trouve le temps et l'énergie de revenir au théâtre « Un coup de veine », fin 1935, n'étant pas considéré comme une totale réussite, elle monte une nouvelle revue début 1936, « Fleurs de Paris », cette fois à l'Alhambra. 1936, c'est aussi l'année du Front populaire ; elle qui jamais ne renia ses origines modestes, s'en va chanter pour les grévistes, sans tambour ni trompette, entendez par là sans maquillage ni toilette extravagante, visitant usines, ateliers et grands magasins. En 1937, elle enchaîne avec, à l'A.B.C., « Chansons de Paris » (qui révèle deux futures vedettes, Suzy Delair et Georges Lambros qui fera carrière sous le nom de Georges Guétary), à Mogador « Ca c'est parisien » et au Casino de Paris « Féerie de Paris ».

Un récent voyage aux Etats-Unis lui a permis de ramener quelques sketches et chansons qu'elle adapte en français : « I'm feelin' like a million » (« Je cherche un millionnaire ») et « Alone » (« Toute seule »).

Mais il devient difficile d’innover, d'autant que le public réclame à cors et à cris les partitions qui lui ont valu la gloire. Avec la Seconde Guerre mondiale, une page a été tournée Non pas qu'elle ait perdu son charme et ses multiples talents... mais la mode a évolué.

La jeune génération, s'enflammant plutôt pour Glenn Miller, Sidney Bechet et bientôt Miles Davis, n'est pas particulièrement attirée par la revue de music-hall, divertissement (déjà) d'un autre âge.

En 1949 la revue « Paris qui s'amuse » au titre mal choisi, car le public s'y amusa peu, connaît un succès mitigé. Elle envisage alors de se retirer définitivement, sans cependant l'annoncer officiellement. La magie opère toujours sur ses admirateurs provinciaux de la première heure qui restent époustouflés par ses prouesses, mais Paris s’est détourné.

Elle préfère dès lors s'installer sur la Côte d'Azur

A l'âge où les autres sont grand-mères, grâce à une stricte hygiène de vie (peu d'alcool et de tabac), elle était longtemps restée physiquement irréprochable. Infatigable, elle dansait toujours, en 1951, le charleston au mariage de Sidney Bechet et, au Cirque d'Hiver, la valse chaloupée avec Serge Lifar au Gala de l'Union des Artistes.

Tournées provinciales et internationales se succèdent jusqu'à d'imprévisibles adieux à New York.

Des adieux non programmés : cette année-là (1951), elle est victime d'une crise cardiaque. En 1954, elle publie (enfin !) ses mémoires, « Toute ma vie », qui avaient commencé à paraître épisodiquement dans la presse dès les années trente. Fin décembre 1955, elle est frappée de congestion cérébrale ; son état empire et elle meurt le 5 janvier de l'année suivante. Inutile de dire que ses obsèques, à la Madeleine, furent à proprement parler grandioses : Colette avait dit d'elle qu'elle était "propriété nationale"!

Mistinguett, star du début du 20ème siècle (3)
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