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Le blog des auteurs libres

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La TNTmodifie-t-elle notre perception des pseudo chefs-d’œuvre du 7è Art ?

Publié par Daniel LESUEUR sur 11 Juillet 2018, 14:20pm

Catégories : #Société, #CINEMA

 Les pseudo chefs-d’œuvre risquent sans doute de souffrir des rediffusions. La multiplication des chaînes thématiques et généralistes risque de totalement bouleverser le jugement jusqu’alors porté sur la plupart des films, anciens ou récents.

Depuis fin 2011, tous les foyers français sont (en théorie) équipés pour recevoir la TNT. Dans l'absolu, la France profonde, parfois mal arrosée par les six ou sept chaînes nationales, a depuis accès à un (trop !) grand nombre de chaînes, notamment de cinéma. C’est également grâce à la multiplication des chaînes que tous les Français ont enfin accès à des pépites voire à des merveilles dont ils ignoraient jusqu’à l’existence : il restera encore longtemps à découvrir des films véritablement rares, qui n’avaient jamais fait l’objet d’une commercialisation en VHS et ne sont sortis en DVD qu’en tirage limité.

En résulte-t-il non seulement une usure mais également de la lassitude et du désintérêt à l’égard des films considérés aujourd’hui comme des « petits » classiques, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas accédé au statut, soit de chef-d’œuvre incontestable, soit de film culte  ? C’est à craindre, et les chroniqueurs du futur auront sans doute un jugement nettement moins bienveillant, d’autant que leur jeunesse les met à l’abri d’un quelconque sentiment de nostalgie.

Quelques exemples ? Si l’on peut revoir jusqu’à plus soif « La Traversée de Paris » dont les dialogues font mouche, notamment lorsqu’ils sont prononcés par Bourvil et Gabin, en revanche on ne peut en dire autant de la série des « Don Camillo » dont chaque nouveau volet, d’ailleurs, déçoit par rapport au précédent malgré le choix de Fernandel pour incarner le personnage central.

Ce que l’on qualifie de « bon petit film » lorsqu’on le revoit tous les dix ans ne tombera-t-il pas dans la catégorie des « nanars » dès lors qu’on aura l’opportunité de le visionner tous les six mois ?

Basés sur le même thème, « Le Corniaud » (1965, avec Bourvil et de Funès) et « L’Homme à la Buick » (1966, avec Fernandel) ont, au moment de leur sortie en salle, recueilli sensiblement le même accueil de la part du grand public. Près d’un demi-siècle plus tard, le second est devenu proprement insupportable tandis que le premier continue de faire sourire... mais pour encore combien de temps ? Le film comporte des faiblesses et des longueurs. Le téléspectateur ne sera-t-il pas tenté de zapper dans l’espoir de trouver ailleurs une œuvre un peu plus supportable ?

Le cinéma étranger n’est pas plus à l’abri : restons dans le registre du film comique. La série des Blake Edwards avec Peter Sellers, notamment tous ceux de « La Panthère rose » et également « The Party » contiennent certainement les plus grandes scènes de délire comique de la seconde moitié du vingtième siècle. Mais après plusieurs visionnages, on ne peut s’empêcher de constater – et c’est presque la marque de fabrique de Edwards- que le cinéaste n’a jamais pu maintenir la pression durant toute la durée d’un film : la qualité de chacune de ses productions est amoindrie par des scènes qui accusent une certaine faiblesse. Des scènes que l’on aura tendance à qualifier de remplissage au bout de plusieurs rediffusions.

C’est donc en fait le jugement que nous portons à l’ensemble du patrimoine cinématographique qui risque d’être revu à court terme. Et revu... à la baisse !

Jusqu’à présent, seul les critiques professionnels faisaient autorité, même si, au bout du compte et encore aujourd’hui le public n’en fait qu’à sa tête. Or, désormais, tout téléspectateur pourra se forger un jugement plus mature : il aura le loisir, s’il le souhaite – et sans même passer par un quelconque magnétoscope - de revoir le même film plusieurs fois dans un laps de temps très court. Il deviendra sans même s’en rendre compte un cinéphile averti. Rapidement le clinquant, le tape-à-l’œil et les effets balourds l’incommoderont au lieu de le séduire comme par le passé. L’inconsciente bienveillance va s’estomper, le sens critique va s’aiguiser (euh… j'espère !).

 

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