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Le blog des auteurs libres

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Pop rock music, chanson française, biographies express de personnages hors du commun, faits de société


Joe Dassin était capable du meilleur comme du pire

Publié par Daniel LESUEUR sur 12 Juillet 2014, 09:12am

Catégories : #musique

Il est mort la même année que Jean-Paul Sartre ; c’est leur seul point commun.

A l’instar de Claude François, Joe Dassin était capable du meilleur comme du pire. Et, hélas, comme pour Claude François, on a surtout retenu le pire ! Pourtant ça avait plutôt bien commencé…

Bio express

Joseph Ira Dassin, le "plus américain" des chanteurs français, est né à New York en 1938. Il gardera toujours, d'ailleurs, un très léger accent américain. Joe souffre d'un strabisme convergent qu'il tente de dissimuler, au moins au début de sa carrière : il n'accepte pas de se laisser photographier de face. Son père, Jules Dassin, est metteur en scène. Il a notamment réalisé le célèbre Jamais le dimanche.

Joe est un grand voyageur. En trois ans il aurait changé onze fois de lycée ! Il étudie en Suisse, en France et aux Etats-Unis. En plus de ses études, il travaille avec son père, obtenant des rôles dans Lady L. et Topkapi. A Paris, il chante du Brassens. Celui-ci le lui rendra bien : durant l’été 1967, Brassens, cloué au lit, racontera que son seul plaisir était d’entendre à la radio Joe chanter « Tagada, tagada, voilà les Dalton »

Des débuts très prometteurs

Dans son n°8 de juin 1967, Rock & Folk écrit : « Joe Dassin est un chanteur personnel et très doué ». Le journaliste n’avait pas tort : encore débutant, Joe avait enregistré de véritables petits bijoux qualifiés de folk, à mi-chemin entre Hugues Aufray et Bob Dylan, les références de l’époque. C’est d’ailleurs d’un ami de Dylan, l’excellent Pete Seeger, que Joe adapte Guantanamera avant que Nana Mouskouri n’en fasse un grand succès populaire.

Il continue quelques temps à interpréter, en français ou en anglais, les jolies chansons du folklore américain : Dans la brume du matin (Early Mornin' Rain), Kathy Cruel ou Je change un peu de vent (Train, Train).

1966 - 1967

"Joe Dassin : A New York", un excellent double album. Encore fidèle au folk et aux belles ballades, pas encore corrompu par le succès, la pression du public et de la maison de disques qui, à partir de 1967, réclameront à cors et à cris des tubes, Dassin propose, pour un coup d'essai, ce qui restera sans doute comme son meilleur album..

L’état de grâce jusqu’à fin 1967

Pendant quelques mois, Dassin enregistre des titres dont il n'a pas à rougir, et que nous n'avons pas honte d'écouter : Excuse Me Lady, Viens voir le loup. Mais la pression est trop forte et son dernier grand titre qui ne fait aucune concession à la facilité est Marie-Jeanne. Ce que le public attend de lui, c'est des tubes plutôt bêbêtes et faciles à retenir : Comme la Lune (déjà tout un programme, rien que le titre !), Les Dalton, etc. On ne compte plus ses entrées au hit-parade entre 1968 et son décès en 1980.

Une machine à tubes, c'est ce qu'est devenu Joe Dassin.

Après Le Petit Pain au chocolat, Le Chemin de papa et Siffler sur la colline, son cas est jugé irrécupérable par certains critiques ; ce n’est heureusement pas tout à fait vrai

Entre tubes « trop faciles » et « chefs-d’œuvre inconnus », il y avait place pour quelques pépites…

Les Champs-Elysées

A coup sûr, une chanson qui colle aussi bien à Paris a été écrite à son intention. Perdu ! Cet énorme tube de Joe Dassin est l’adaptation d’une chanson évoquant, à l’origine, la capitale britannique. Waterloo Road est la version originale, écrite par Mike Wilsh, et enregistrée par son groupe Jason Crest. Les pauvres Jason Crest sont, eux, restés inconnus.

L'Amérique

La version originale, Yellow River, interprétée par le groupe Christie, nous vient de Grande-Bretagne, mais se réfère indiscutablement à des faits nord-américains. C'est l'histoire d'un homme qui range son arme après avoir gagné la guerre, et part retrouver la fille qu'il aime, au bord de la Rivière jaune (yellow river). Un sujet délicat à aborder tel quel en France, car, même si l'on a bien du mal à ne pas penser à la guerre du Viêt-nam, nos souvenirs d'Indochine sont encore vifs. Le titre fut n°1 au hit-parade britannique en juin. Le parolier Pierre Delanoë, bien décidé à ne passer laisser passer un tube potentiel, brode un texte sans aucun rapport avec la V.O., s'inspirant plutôt de la jeunesse de Joe Dassin, aux Etats-Unis. Dans sa bouche, le texte semble logique. Il rêve de retourner au pays qui l'a vu grandir.

La Bande A Bonnot.

On pourrait considérer comme curieuse cette fascination temporaire pour les vieux anarchistes français : Jacques Brel, acteur, tourne dans "La Bande A Bonnot". Chauvinisme ! Peu de temps auparavant, les vedettes étaient Bonnie and Clyde, célébrés par Georgie Fame, Johnny Hallyday, Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot. Et bien sûr au cinéma

Signalons que Senor météo (1974) Big bizou (1976) et Le bougalou du loup-garou (1976 également) sont signés Joe Dassin, qui, au total, aura composé quatorze mélodies pour son rondouillard ami Carlos.

Joe Dassin était capable du meilleur comme du pire
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