Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog des auteurs libres

Le blog des auteurs libres

Pop rock music, chanson française, biographies express de personnages hors du commun, faits de société


1933 : RKXR, première radio pirate commerciale de haute mer

Publié par Daniel LESUEUR sur 12 Juillet 2014, 12:17pm

Catégories : #radio, #MEDIAS

Les premières émissions de musique depuis la mer remontaient aux années vingt. Les navires se croisant avaient coutume, après les messages réglementaires d’usage, de diffuser, par la radio du bord, un disque joué sur le phonographe de service. Autant dire que les principes de la radio pirate de haute mer sont alors posés... mais, à l’époque, les difficultés techniques semblent insurmontables. Sauf pour RKXR, première radio pirate commerciale de haute mer qui va défrayer la chronique en 1933.

A l’origine, la station, licenciée au Panama, où son navire, le City Of Panama, est également enregistré, a pour mission de vanter le tourisme du petit Etat à ses riches auditeurs de Californie, avec, cependant, une puissance d’émission limitée (0,5 à 1 kW) afin de rester locale. Or RKXR, dont le navire est ancré au large de Los Angeles, utilise un émetteur cinq fois plus puissant, mal réglé (il déborde de 810 à 820 kHz, alors qu’il aurait dû être calé sur 815 kHz). En fait de station locale, on peut l’entendre jusqu’en Floride, jusqu'à la côte est des USA, ainsi qu’à Haïti et au Canada.

Quant aux programmes, ils n’ont nul rapport avec le tourisme panaméen. Immédiatement, le gouvernement américain somme le Panama de retirer son autorisation d’émettre à RKXR. Offusqué, Panama réplique que les U.S.A. n’ont pas à s’ingérer dans ses affaires, le navire étant situé en eaux internationales (tous les navires, en eaux internationales, sont reconnus comme partie intégrante du pays qui l'abrite sous son pavillon).

A la décharge du Panama, signalons qu’à ce moment précis, le petit Etat est de toute bonne foi, car il n’est pas encore au courant des louches agissements de ses protégés : les stations locales américaines qui émettaient entre 810 et 820 kHz, étant perturbées par les émissions de RKXR, s’étaient regroupées pour intimer à la station l’ordre de changer de fréquence.

Mais, pirate dans l’âme, RKXR n’envisage de s’incliner qu’après versement d'une somme de plusieurs milliers de dollars.

Commercialement, la station peut être considérée comme une véritable réussite, grâce, en grande partie, à la puissance de son émetteur.

Les annonceurs sont satisfaits d’être connus beaucoup plus loin qu'en Californie, destination première de leur effort publicitaire. Historiquement parlant, RKXR est la première à avoir démontré le potentiel commercial des stations de haute mer, et ce, un quart de siècle avant les radios pirates scandinaves et néerlandaises. Mais son attitude par trop bravache va rapidement entraîner sa perte : en juin 1933, le gouvernement américain renouvelle sa plainte ; cette fois, Panama obtempère.

RKXR continue néanmoins à émettre, comme si de rien n’était

Les deux Etats, U.S.A. et Panama, cherchent une solution commune ; en août, le Voice of Panama est pris d’assaut par les autorités, arraisonné et conduit au port de Los Angeles. Le navire et ses propriétaires disparaissent définitivement du monde de la radio. Ils ont néanmoins écrit les grandes lignes d’un scénario appelé à se répéter au cours des décennies suivantes...

L’incident du Voice of Panama conduit le gouvernement des Etats-Unis à réfléchir à l’éventualité de la prolifération des radios pirates au large de ses côtes ; les U.S.A. doivent légiférer s’ils ne veulent pas être littéralement infestés par ce phénomène qui avait commencé à perturber le bon fonctionnement de la radio commerciale en Amérique du Nord. Les lois internationales viendront plus tard.

Pour l’heure, il est indispensable de réagir

Les U.S.A., pays où tout arrive, ne seront pas le berceau de la radio de haute mer. Afin d’éviter toute tentation à des hommes d’affaires aventureux, la loi américaine, désormais, autorisera quiconque (trust ou individu) assez fortuné pour équiper un bateau-radio et entretenir un équipage (marins et animateurs), à acquérir tout à fait légalement une station de radio à terre. Dès lors, il se passera un bon nombre d’années avant d'entendre à nouveau parler de bateau-radio sur le continent américain... (CLIQUER ICI pour en savoir plus)

1933 : RKXR, première radio pirate commerciale de haute mer
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents