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Le blog des auteurs libres

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Les méconnus du 20è siècle : Roy Bates (2è partie)

Publié par Daniel LESUEUR sur 17 Août 2014, 14:01pm

Catégories : #PEOPLE

Connaissez-vous le royaume de Sealand au large de l’Angleterre ? Son histoire remonte à la fin des années 60.

Une fois prouvée l’extra-territorialité du minuscule domaine dont il est passé maître, Roy Bates frappe sa monnaie, émet timbres et passeports pour les membres de sa famille et vit en toute indépendance.

Mais être roi n’est pas un métier de tout repos !

Un projet de vingt millions de livres sterling ! Début 1978, Bates entre en pourparlers avec des financiers ouest-allemands désireux d'installer à Sealand un complexe "duty free" agrémenté d'un hôtel, de restaurants, de lieux de détente et d'une station de radio. Mais l'affaire tourne au drame.

Le 8 août, profitant de l'absence du roi Bates, de son épouse la reine et de leur fils le prince Michael, deux Allemands et un Hollandais s'emparèrent de la plate-forme par la force.

Le 16, Bates, revenu en hélicoptère, en reprend contrôle : les intrus sont devenus ses otages.

Les deux Hollandais sont relâchés, mais l'Allemand, l'avocat Gernot Puetz, reste détenu. Accusé de trahison, il ne sera libéré que contre paiement d'une caution de £ 20 000. Son épouse, incapable de rassembler une telle somme, déclare qu'elle craint pour sa propre sécurité si elle rend visite à son mari à Sealand.

Aucun gouvernement ne pouvant intervenir sans créer un incident diplomatique, la situation risquait de s'éterniser.

Bates, finalement, libéra Puetz le 28 septembre, considérant qu'il avait été suffisamment puni. Dix ans plus tard, un autre projet… Fin 1988, Roy Bates proposa à la station Radio New York International d'enregistrer sous pavillon du royaume de Sealand le navire américain Sarah porteur de son précieux émetteur pirate… ce qui est, légalement, impossible ! En revanche, deux ans auparavant, Bates avait publié un appel d'offre pour installer trois radios indépendantes sur son site.

Aucune offre sérieuse ne fut cependant retenue.

A l'époque, en effet, quiconque susceptible de monter une station de radio préférait le faire à terre. L'esprit pirate a disparu avec la légalisation des radios indépendantes. Pas découragé, l'année suivante (1987), c'est une chaîne de télévision, Channel 5, qui devait émettre depuis Sealand. Malgré l'appui de puissants financiers américains, une étude de marché prouva que l'entreprise était vouée à l'échec.

L'indépendance de Sealand est néanmoins largement remise en cause

Le 1er octobre 1987, le gouvernement anglais a étendu ses limites territoriales de quelques kilomètres, de trois à douze miles au large des côtes. Sealand est aujourd'hui partie intégrante du Royaume-Uni. La forteresse n'est, ni plus, ni moins, qu'une micro-nation sans véritable légitimité, mais qui utilise à l'extrême son statut d'extra-territorialité, sans cependant avoir à sa disposition toute la palette des droits nationaux de la plupart des pays. En 1987, le Royaume-Uni décida l’extension de ses eaux territoriales

Roughs Tower se trouva ainsi à l’intérieur des eaux territoriales britanniques. Mais Roy Bates en fit autant… et la veille : Sealand prétendit avoir lui aussi étendu ses propres eaux territoriales à 12 milles marins (le gouvernement britannique ne fit aucun commentaire !). Des documents, rendus disponibles au public par une loi mettant fin à leur confidentialité après 30 ans, révèlent que le Royaume-Uni avait eu l’intention de se rendre maître de la tour en la prenant d’assaut, projet cependant rejeté par le Premier Ministre en raison du désastre juridique et médiatique qui en aurait découlé si, d’aventure, il y avait eu mort d’homme : Bates, armé, était prêt à tout

1999 : Roy Bates abdique au profit de son fils Michael

Désireux de poursuivre l'œuvre de son père, l’ex-prince reste actif. Au mois de mai 2001, la principauté de Sealand, reconvertie dans l'internet, ouvrit un espace "refuge" pour toutes les entreprises refusées ailleurs. Exceptés les sites pédophiles, tout autre sujet tendancieux ou délicat, en marge de la légalité ou de la morale y trouve sa place. Pour rentrer dans un cadre juridique acceptable, il a suffi à Michael Bates d'ouvrir une domiciliation commerciale à Gibraltar. Et son organisation a prévu, à la moindre menace, d'effacer tous les disques durs en cas de tentative de prise d'assaut par une quelconque autorité.

Sealand en proie aux flammes

Le 23 juin 2006, un feu se propage sur la principauté et ravage le Sealand dans son ensemble. La famille royale annonce qu’elle a l’intention, après son départ de la plateforme, d’instaurer un gouvernement exil. Mais où ? Un royaume pour 10 millions de livres sterling Janvier 2007 : le fortin, pardon, le Royaume… est mis en vente. Le quotidien Libération s’en fait l’écho en rapportant les propos de Michael Bates : « Nous sommes maîtres de l’île depuis 40 ans, mais maintenant, mon père est âgé de 85 ans, peut-être que le temps est venu d’un rajeunissement ». Il en profite pour vanter les charmes du lieu, austère au demeurant : vue sur la mer (normal pour une île !), tranquillité totale, absence d’impôt…

Les tractations vont bon train

Quelques jours plus tard le site Pirate Bay lance une souscription et récolte en quelques jours la somme nécessaire (2 millions $). Mais depuis, et malgré le succès de la collecte de fonds, Michael Bates qui s'oppose à la vente. Prétexte semble-t-il fallacieux : selon lui, les activités du repreneur violent les lois sur le copyright.

L'histoire est-elle achevée avec le décès, le 9 octobre 2012, du bouillant Roy Bates ?

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