Martine Carol, une Nana pas comme les autres

Publié par Daniel LESUEUR sur 8 Juillet 2014, 14:09pm

En 1955 un réalisateur modifia profondément un Classique de Zola

Afin de proposer un rôle en or à son épouse, le cinéaste Christian-Jacque apporta une touche personnelle à un roman a priori intouchable.

Marie-Louise Jeanne Nicolle Mourer (1920-1967)

Elle débute au théâtre sous le pseudonyme Martine Arley. Ses débuts au cinéma remontant à l’Occupation : elle tourne pour la Continental, firme financée par des capitaux allemands. Son premier grand rôle est un coup d’épée dans l’eau : « Le Chat » de Colette réalisé par Clouzot ne sera pas distribué.

En 1941 on remarque « Martine Arley » dans « Les Inconnus dans la maison ». En 1943 sa carrière a véritablement démarré. Elle tourne auprès de Paul Meurisse et François Périer ; c’est ce dernier, d’ailleurs, qui lui trouve le pseudonyme Martine Carol. D’une grande beauté, ses réussites cinématographiques s’enchaînent jusqu’à 1949. Mais elle n’a pas encore trouvé « LE » rôle de sa vie.

L’inoubliable interprète de Caroline Chérie

Elle avait déjà tourné dans 18 films lorsqu’on lui propose de devenir « Caroline chérie » (1950) suivi par « Un caprice de caroline chérie » (1952). Mais si ce rôle lui colle à la peau, il ne doit pas occulter de véritables bijoux et principalement « Lola Montès » réalisé par Max Ophüls. Ce film marque une date dans sa carrière : pour la première, la critique (qui l’avait toujours éreintée) lui accorde ses faveurs.

En contrepartie, pour la première fois le grand public la boude !

Un parcours qui n’est pas exempt de faux pas

Son erreur consista peut-être à accepter de temps à autre des rôles purement alimentaires qui ne la mettaient pas véritablement en valeur. Par contrecoup, son nom ne figure pas, hélas, au panthéon des grandes actrices françaises. Un peu oubliée, il est temps de la réhabiliter, de la redécouvrir dans les rôles faits pour elle, comme ce « Nana » revisité par son mari Christian-Jacque aux dialogues brillants signés Henri Jeanson. Les scénaristes ont pris des libertés avec le texte d’Emile zola. Nana, fille de Gervaise Macquart, a beaucoup moins de sex appeal dans le film que dans le roman. Et puis elle n’est plus une fille du peuple, presque de la rue, mais désormais une cocotte un peu comédienne. Et de fait on lui proposait le plus souvent des rôles de courtisane, de prostituée ou de femme légère.

Une vie sentimentale attristante, un grand désarroi

Son premier amant, l’acteur Georges Marchal, l’abandonna pour filer le parfait amour avec la comédienne Dany Robin. Martine se jeta à la Seine après avoir ingurgité force alcool et médicaments (1947).

Elle fut sauvée de la noyade par un passant.

Aucun de ses quatre mariages ne dura plus de cinq ans. Martine était toujours désespérément malheureuse. Et sa vie professionnelle commença à battre de l’aile lorsque survint en 1960 la grande rivale qui l’éclipsa : Brigitte Bardot. Jusqu’à son image de femme fatale d’une très grande beauté qui commence à s’effriter. En désespoir de cause, elle suit des cures d’amaigrissement draconiennes. Cela ajouté aux médicaments qu’elle engloutissait pour se remonter le moral la conduisirent à une crise cardiaque qui mit fin à ses jours alors qu’elle n’avait que 47 ans.

On évoqua même, sans pouvoir le certifier, la possibilité d’un suicide. Si cela était vrai, on pourrait sans conteste affirmer que Martine Carol fut notre Marilyn Monroe.

Post mortem sordide

La presse ayant annoncée que l’actrice avait été enterrée avec ses bijoux, sa tombe fut profanée.