Des chanteuses françaises des années 80 à redécouvrir : Buzy et Danielle Messia

Avec l’avènement de la bande FM sur nos postes à transistor, la féminité s’empara des ondes radiophoniques. D’ailleurs, cette année-là, l’un des tubes était « J’aime regarder les filles ».

J’aime écouter les filles…

BUZY

I love you Lulu, chanson dédiée, non pas au fils de Gainsbourg comme on le croit, mais à Serge dont c’était le surnom, fut interprétée par Marie Claire Girod, alias Buzy (née à Metz en 1957) ; sur le même album figure la chanson Gainsbarre dédiée à qui vous savez (et c'est le Maître lui-même qui en a réalisé la pochette).

Buzy : une carrière en dents de scie

... ou en trajectoire de yoyo, comme vous préférez. Elle est d'abord professeur de claquettes, apprend le piano et se fait engager dans le spectacle Rocky horror show. Sa carrière discographique démarra très fort avec un titre autobiographique, Dyslexique (1981), un disque d'or, immédiatement suivi par un 33 tours, Insomnies, et un deuxième 45 tours, Engrenages. Hélas un conflit avec sa maison de disque la jeta dans le désarroi. Elle ne revint au premier plan que trois ans plus tard avec Adrian dont le clip lui valut le Premier prix du Festival d'Antibes. Mais à nouveau elle retombe : malgré la signature de Gainsbourg, son album I love you Lulu connaît l'échec.

Le titre suivant, Body physical (1987) la ramène au hit-parade, elle en profite pour préparer un album... qui ne sort pas : son producteur décide brusquement d'abandonner le show business ! De l'album suivant, Rebel (1990), la première concernée elle-même dit qu'il n'est pas très réussi. En 1993, elle publie Rêve éveillé ainsi qu'un Best of, et fait le point sur sa carrière : "J'avais été broyée par le show business. J'ai changé vingt fois de coiffure, dix fois de style de vêtements... et j'en ai perdu l'essentiel, à savoir l'envie d'être créative au delà de tout succès ou insuccès. Avec le recul, cette incohérence du personnage public, je l'assume. Elle était sans doute moins fabriquée que certaines carrières sur lesquelles on a mis le tampon Authentique" (Je chante ! N°16).

Danielle Messia

Danielle Mashiah (qui signifie "Messie" en hébreu) est née à Jaffa en 1956. Le public prend connaissance de son existence en 1983 grâce à la sortie en 45 tours de son interprétation d'une chanson de Gérard Manset, Il voyage en solitaire ; une réussite... mais pas très représentative de l'œuvre de Danielle qui, du coup, regrette de l'avoir enregistré.

Au total, elle aura enregistré trois albums entre 1980 et 1985 avant de mourir d'un cancer le 13 juin 1985 au moment où sa carrière allait démarrer : elle devait se produire le 22 juin dans Champs-Elysées, l'émission de Drucker... Si, pour le grand public, elle reste une inconnue, de nombreux artistes ont apprécié la qualité de ses compositions au point de les interpréter : Isabelle Aubret, Christine Authier, Mama Béa, Catherine Ribeiro...

A titre posthume, Danielle Messia se verra décerner le Grand Prix de l'Académie Charles-Cros 1987.