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Le blog des auteurs libres

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Pop rock music, chanson française, biographies express de personnages hors du commun, faits de société


Brassens : de A à Z, quelques amis de Georges (2)

Publié par Daniel LESUEUR sur 7 Juillet 2014, 19:50pm

Catégories : #musique

Barclay Eddie

La fidélité n’est pas un vain mot, chez Brassens, et malgré toute l’amitié qu’il portait à Eddie Barclay, il resta toute sa vie chez Philips. Sa signature resta la seule manquante au prestigieux catalogue qui alignait tous, ou presque, les grands noms de la chanson de variété (Henri Salvador, Eddy Mitchell, Dalida, Bardot, Nicoletta, Mireille Mathieu, Balavoine, Hugues Aufray, etc.) et de la Chanson française (Brel, Ferrat, Ferré, Nougaro, Aznavour, Pierre Perret). Pourtant, ce n’est pas faute qu’Eddie ait essayé de le débaucher, au point d’avoir publié dans les années 50 un album intitulé Eddie Barclay et son grand orchestre jouent Brassens.

De son vrai nom Edouard Ruault (1921-2005), son nombre impressionnant de mariages (8) ne doit pas faire oublier qu’il a complètement révolutionné le monde du disque en France en commercialisant le microsillon de vinyle au moment où notre pays en était encore au 78-tours lourd et fragile. Grâce à Eddie Barclay, une face de disque durait jusqu’à 20 minutes, contre 3 ou 4 auparavant.

Bardot Brigitte

En 1963, Brassens caresse un rêve un peu fou : il adorerait entendre ses vers chantés par BB, grande star du cinéma qui s’est mise à la chanson. Précisément, il lui aurait bien confié La Traîtresse. Poliment, Bardot décline l'offre : "Quelle belle chanson, monsieur Brassens... mais moi je vais la saccager !". Parisienne née en 1934, Brigitte se lança comme mannequin, posa pour des magazines avant de révolutionner le grand écran : en 1952, le public la remarque dans Manina, la fille sans voile dans lequel elle chante (déjà) deux chansons. En 1956, Et Dieu créa la femme, certes sulfureux pour l'époque, déclenche un tollé de protestations mais lui offre une renommée internationale. Dans Le Mépris, elle chante Sidonie, son premier "tube" (1962). Sa rencontre avec Gainsbourg donne naissance à de nombreuses chansons à succès : L'Appareil à sous, Bubble gum, Harley Davidson, et en duo Bonnie and Clyde. C’est pour elle que Serge écrit Je t’aime... moi non plus en 1967 ; ils l’enregistrent en duo mais la version ne sortira qu’en 1986. En 1973, B.B. abandonne définitivement le cinéma. Elle continue en revanche d'enregistrer des disques dans les années 70 et 80... mais jamais aucune chanson de Brassens !

Béart Guy

C’est Brassens qui rédigera les notes de pochette de son premier 45-tours (Qu’on est bien, 1957). Il faut dire que les deux hommes se connaissent depuis trois ans : leur rencontre avait eu lieu en 1954 au sortir d’un concert de Georges à Nice : Guy, à ses heures perdues, écrivait des chansons et il osa ce soir-là les montrer à celui qu’il appellera désormais son « bon Maître ». Grâce à Brassens qui l’encourage à les présenter aux grandes interprètes du moment, ses chansons seront enregistrées par Patachou, Juliette Greco et Zizi Jeanmaire. Il commence alors à se faire un petit nom, « Béart », plutôt que Behar, son véritable patronyme. Né au Caire en 1930, il était jusqu’alors ingénieur des Ponts-et-Chaussées. Et le soir, comme Brassens et beaucoup d’autres, il « courait le cachet », se faisant la voix dans les cabarets.

La réussite –époustouflante !- vient un peu par hasard : en 1960, bien que sortie depuis deux ans déjà, on entend toujours autant l'Eau vive interprétée par Colette Renard, Marcel Amont ou son créateur. Il s’agissait d’une "commande" : François Villiers avait demandé à Guy de composer la musique du film L’Eau vive, réalisé à partir d’un roman de Jean Giono, présenté en 1958 au Festival de Cannes. Le succès de la chanson dépassa largement celui du film. A partir de 1966, Guy conduit une émission de télévision très populaire, Bienvenue à... dont un numéro sera consacré à Brassens en 1972. Touché par un cancer, il disparaît quelques années de la vie publique pour n’y revenir qu’en 1985. Sur Europe 1, au micro de Frédéric Taddeï, il explique en 2010 que son éloignement du disque et de la scène l’avaient quasiment ruiné ; se découvrant plus heureux pauvre que riche, il intitule son dernier album Le Meilleur des choses.

Boccara Frida

Si l’on retient d’elle sa version, en 1979, de La Prière (Je vous salue Marie), poème de Francis Jammes mis en musique par Brassens, il faut savoir que dix ans plus tôt elle figurait au programme de Georges à Bobino, du 14 octobre 1969 au 4 janvier 1970. Pour elle, la notoriété vint tardivement : née à Casablanca en 1940, Danielle Frida Hélène Boccara, chanteuse française d’origine italienne, avait sorti son premier 45-tours sort en 1960. Elle mit des années à percer dans l’Hexagone : le succès ne vint qu’en 1968 (Cent mille chansons) et la consécration en 1969 (Un jour, un enfant, Grand Prix du concours de l’Eurovision). Entre-temps, elle s’était produite sur de nombreuses scènes du monde entier, dans 85 pays (en plus du français elle parlait parfaitement l'espagnol, le russe, le portugais, l'arabe et l'hébreu), et particulièrement ceux de l’Est européen. Elle n’était, hélas, qu’interprète et les chansons qu’on lui proposait n’étaient pas toujours à la hauteur de son talent. Elle a néanmoins été nommée chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture Jack Lang. Elle est décédée en 1996.

Boris Jean-Michel

Jean-Michel Possicelsky, présenté comme le neveu de Bruno Coquatrix, est le fils du plus jeune frère de Paulette Coquatrix. En 1953, il découvre Georges Brassens qui devient sa passion. « J’avais très envie de l’entendre et c’est un des arguments qui m’a décidé à monter à Paris parce qu'il allait passer à l’Olympia ». Il accepte en 1959 le poste de directeur artistique pour pouvoir être en contact avec son idole en outre il modernise la programmation de l'Olympia, permettant à la vénérable salle de négocier le virage du yéyé et du rock tout en continuant à célébrer les grands noms de la chanson traditionnelle. Abonné à la salle plus intime de Bobino, Brassens se produira néanmoins neuf fois à l’Olympia entre 1954 et 1965, y compris en décembre 1962 : le soir de la première, il souffre d’une crise de coliques néphrétiques. Sur l’insistance de Bruno Coquatrix, il honore ses engagements jusqu’à Noël, mais c'est extrêmement pénible. Plusieurs médecins se relaient en coulisses pour tenter d’apaiser ses souffrances. Chaque soir, une ambulance l’attend pour le ramener à son domicile.

Bourvil

« Il venait me donner des conseils de jardinage, conseils que je n’ai jamais suivis car je n’étais pas assez doué », dit Brassens de Bourvil. Les deux timides firent semblant de s’intéresser au jardinage pour pouvoir se rencontrer ! Brassens et Bourvil étaient voisins, mais l’un avait la réputation d’être un ours, l’autre de ne pas aimer qu’on vienne le déranger. Comme ils auraient risqué de ne jamais se croiser, Brassens usa d’un subterfuge : ayant vu Bourvil passer le tracteur, la tondeuse à gazon dans sa propriété, il alla le trouver pour demander conseil au spécialiste du jardinage qu’il croyait qu’il était. Finalement, tous deux s’en moquaient, des modèles de tracteur ou de tondeuse à gazon qu’il fallait acheter... mais la glace était rompue.

André Raimbourg dit Bourvil (1917-1970) fit l’acteur dans plus de 60 films mais Brassens aimait tout autant le chanteur : « J’aimais beaucoup sa voix, et je ne reste jamais deux ou mois sans réécouter sa chanson Les Rois fainéants ».

Brel Jacques

On ne saura jamais, de Brassens ou de Brel (1929-1978), qui transpirait le plus sur scène : la question ne fut pas posée lors de leur rencontre historique du 6 janvier 1969 (Léo Ferré complétait la rencontre au sommet). Comme Brassens, qui le surnommait « L’abbé Brel », il se produisit aux Trois Baudets : persuadé qu’il ne pourrait pas réussir dans sa Belgique natale (il commença à se produire dans des petites salles bruxelloises en 1952), il avait quitté son pays et chaque soir traversait Paris de part en part pour accumuler deux ou trois modestes cachets. Avant de battre des records de ventes de disques, Brel avait certainement battu un autre record, celui des auditions malchanceuses. 82 au total.

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