FRANCIS DUMAURIER SE SOUVIENT DE "SES" BEACH BOYS

J’ai servi d'interprète aux Beach Boys le 18 novembre 1964 lorsqu’ils signaient des autographes au magasin du Printemps le jour même de leur premier concert à Paris durant la dernière tournée des Beach Boys avec le lineup original de Brian, Carl, Dennis, Mike Love et Al Jardine. En récompense pour mon travail de la journée, je me suis retrouvé avec une tonne de photos signées, et deux billets pour le concert du soir à l’Olympia.

Bien plus tard, par hasard ici à New York à côté de chez moi sur la West 57th Street, j’ai rencontré Al Jardine et Bruce Johnston il y a une trentaine d’années, et j’ai parlé avec Al qui se rappelait de ce concert et de leur bref séjour à Paris que les membres du groupe avaient apparemment apprécié … et un an plus tard, pratiquement au même endroit, je me suis assis au comptoir d’un café pour un déjeuner rapide lorsque quelqu’un est venu s’asseoir à côté de moi. C’était Bruce Johnston qui était très content de la manière dont les Beach Boys maintenaient le cap dans un environnement musical difficile pour eux, puisque le groupe - avec ou sans Brian - avait beaucoup perdu de sa popularité.

Toujours sur la West 57th Street, il y a une douzaine d’années, j’ai rencontré Blondie Chaplin qui avait fait partie des Beach Boys sur “Carl and the Passions” et “Holland” au début des années 70. Il avait ensuite passé une quinzaine d’années avec les Rolling Stones et, quand je l’ai rencontré, il était sur une voie de garage … jusqu’à ce que Brian le repêche et lui redonne vie en l’incluant dans les tournées sous le nom de Brian Wilson en compagnie d’Al Jardine et de Blondie Chaplin. J’ai revu Blondie plusieurs fois dans le quartier, et je suis resté en contact avec lui. Son dernier email remonte à la semaine dernière lorsque je l’avais contacté au sujet de sa version de “Forever Young” avec Joe Bonamassa.

Et puis, j’ai eu une longue conversation avec Al Jardine à la suite de son concert du 7 février 2019 à l’Iridium (le club où Les Paul se produisait tous les lundi jusqu’à son décès) et nous avons pu reparler de Paris 1964 ainsi que du Big Sur Folk Festival le 13 septembre 1969 où lui et moi étions allés en spectateurs (pas ensemble bien sûr) et à la suite duquel il avait écrit sa suite musicale sur Big Sur qu’il avait enregistrée avec les Beach Boys sur l’album Holland … avec Blondie Chaplin.

Les Beach Boys ont été fondés par Brian Wilson et Al Jardine qui se sont retrouvés comme deux cheveux sur la soupe dans l’équipe de football de leur école, mais qui ont découvert leur amour pour les harmonies et la musique de rock, ce qui a amené Brian à inviter Al chez lui. And the rest is history …

Ce groupe était l'un de mes favoris dès que je les entendus en 1963 sur Radio Caroline, et j’achetais leurs albums durant mes vacances de Pâques et d'été en Angleterre. Cependant, ils n’étaient pas cools auprès de mes copains parisiens qui trouvaient leurs personnalités et leurs chansons trop “clean”. Le seul qui aimait leur musique comme moi était Andrew “Jake” Jackman, mon copain londonien qui venait souvent me voir avec mes copains à Montmartre, et j’étais aussi resté chez ses parents durant les vacances de Pâques 1968 quand j’étais allé en stop à Londres. Plus tard, Jake changerait de nom pour se faire appeler Jake Riviera, et il deviendrait le manager d’Elvis Costello et de Nick Lowe. Mais c’est un autre chapitre musical.

Lorsque je me suis retrouvé comme interprète des Beach Boys au Printemps ce 18 novembre 1964, le tube du jour était “I Get Around”. Dennis a disparu aussi rapidement que possible, Mike n’était intéressé qu’aux filles (principalement anglaises) qui le draguaient, mais Al, Carl, et Brian étaient très gentils et humbles. Des simples jeunes du sud de la Californie. À la fin de l'après-midi, avant qu’ils ne se rendent à l’Olympia, Brian m’a demandé si je pouvais l’accompagner pour acheter des parfums pour sa copine (qu’il allait d’ailleurs épouser un mois plus tard). Je l’ai donc emmené au rez-de-chaussée, et il m’a fait renifler tellement de parfums que ça a failli me rendre saoul. Personne ne le connaissait - ou ne le reconnaissait - et il s’amusait comme un fou. Puis il m’a dit au revoir avec une grande claque dans le dos, et est parti en courant retrouver les autres qui l'attendaient.

C’est ainsi que je veux me rappeler de lui.

Il avait 22 ans, et j’en avais 17.