Il a été élevé par une starlette et un acteur raté dans la jungle de Hollywood, placé dans une famille d’accueil où son adolescence s’est consumée avec des attaques de poliomyélite avant la Garde nationale. Comme la Janie du « Rock’n’Roll » du Velvet Underground, sa vie aura été sauvée par le rock’n’roll, et il nous aura sauvé aussi quand, au mitan des années 1970, nos discothèques nous semblaient être des monuments d’ennui.
Producteur émérite, songwriter accompli et artiste complet, il aura été ce globe-trotter du rock, parcourant le monde à la recherche de matériaux bruts à façonner, en sculpteur des sons : de Grande-Bretagne en Australie, d’Allemagne à la Nouvelle- Zélande en passant par la Scandinavie. À la fois Zelig et Forrest Gump, partout où est l’action.
Entre Hollywood et Babylone, il n’y a que le Styx à franchir et Fowley aura mené une vie de patachon, entre jeunes filles et partenaires multiples dans des fêtes galantes qu’on appellerait aussi des parties fines. Mais qui sommes-nous pour le juger ?
Le Dorian Gray du rock’n’roll aura tout de même vieilli en sagesse et en sérénité, et son tableau-miroir a fini par lui renvoyer l’image d’un vieux lord anglais tiré à quatre épingles et toujours entouré d’un essaim de jeunes femmes. Tel qu’en lui-même enfin.
Il aura été l’homme des pires dépravations, mais avec cette sorte d’innocence née de l’hyper-activité et de l’enthousiasme qu’on ne trouve guère qu’aux États-Unis. Et Kim Fowley est à considérer comme un grand Américain, avec ses côtés monstrueux mais aussi cette magie de l’enfance qu’on ne trouve qu’en allant au bout de ses rêves.
Alors, respect pour le seigneur de l’ordure, respect pour Lord Kim et bravo pour le clown. Salut l’artiste !