"Brumes", par Alain LEMAIRE

Publié le par Les auteurs libres

Il ouvre un œil puis deux mais ne reconnaît pas la pièce. Il est allongé sur le dos. Le matelas lui semble moelleux, il va pour s’étirer mais perçoit la chaleur de deux corps de chaque côté contre ses flancs. Deux filles nues respirent paisiblement dans leur sommeil. Il se décide néanmoins à s’extraire de leur agréable promiscuité. Elles gémissent légèrement mais ne s’éveillent pas. Il glisse au pied du lit, s’y assoit, se retourne et les admire. Elles sont blondes toutes deux, il ne se souvient ni de leurs prénoms ni de leur rencontre. D’ailleurs il cherche mais ne sait plus non plus qui il est. Après tout s’il a dormi dans cette chambre qui lui semble inconnue entouré de deux jolies filles, il a dû sans doute aussi les…Enfin il le suppose puisqu’il est nu lui aussi. Il aperçoit dans un coin un tas de vêtements épars, sans doute les leurs, il ne les distingue pas très bien. Il baille à s’en décrocher la mâchoire, un rayon de soleil baigne la pièce et l’encourage à se redresser. Voilà il est debout enfin. Il se dirige vers la porte ouverte mais celle-ci semble se déplacer. Enfin il passe le seuil, se retrouve dans un couloir, il suppose qu’une de ces portes va le conduire à la salle de bains. Il s’approche de la première. Avec hostilité la poignée ne l’aide pas. Il la gronde, finalement elle accepte de jouer son rôle et lui livre le passage : c’est bien une pièce carrelée un peu froide sous ses pieds. A droite, une vasque plus large qu’un lavabo ordinaire, il s’en méfie mais un miroir au mur l’appelle. Le reflet lui semble étrange comme dans une glace déformante puis l’image se stabilise. Il y voit un type ni vieux ni jeune, le cheveu mi long en désordre, les yeux bleus clairs, le blanc bordé de rouge. Il rit et se dit qu’il a les yeux patriotes. Il lui revient en tête les paroles d’un vieux morceau d’un chanteur aventurier “la fumée dans les yeux, un éléphant me regarde, j’ai la tête qui bat… A l’ombre des mosquées tu prétendais m’aimer mais moi je veux juste m’emmêler avec toi”.

Il se retourne, la cabine de douche semble accueillante bien que ses robinets se défilent sous ses doigts malhabiles.

Enfin une cascade d’eau tiède le submerge.

Il se sent un peu mieux. Il se sèche, sort en espérant retrouver son chemin car les murs l’agressent encore un peu. Il les combat pacifiquement puis, vaincus,  ils acceptent de le faire revenir à la chambre. Néanmoins il a dû s’égarer un peu car il a visité une autre pièce inconnue avant de revenir à son point de départ. Il a beau cherché, il ne reconnaît pas les lieux. Peut-être est-il chez une des deux filles… Celles-ci ont disparu, elles ne sont plus sur le lit. A-t-il rêvé ?

Non il perçoit des rires, des bruits d’eau qui coule, elles doivent être à leur tour dans la salle de bains. Il ne comprend pas comment il a fait pour ne pas les croiser mais abandonne cette idée. Il fouille dans le tas de vêtements au sol, trouve un portefeuille dans une poche de blouson. Assis au bord du lit,  il en extrait un permis de conduire, il y lit un nom Christophe Morel, Est-ce lui ? Il en doute, pourtant la photo ressemble au visage aperçu dans le miroir de la salle de bains. A moins que celui-ci lui ait joué un tour et lui ait menti… Pour vérifier il faudrait retourner le voir mais toute sa belle énergie s’évapore. Il remet le document dans le portefeuille et celui-ci dans le blouson. Il constate que ces vêtements sont uniquement les siens ce qui l’interpelle un peu : où sont ceux des filles ? Il ne veut pas s’en interroger davantage,  il se rallonge sur le lit et attend les évènements…

Il s’immobilise sur ce matelas moelleux, il n’a pas cherché à s’habiller. Il entend toujours les éclats de rires féminins pas très loin, vont-elles le rejoindre ? Un air lui revient en mémoire “J’aime les filles… si vous êtes comme moi, téléphonez-moi, si vous êtes comme me, téléphonez mi”. Sur cette douce pensée, il plonge à nouveau dans l’inconscience. Très vite il rêve. Il se voit dans un grand champ éclaboussé de soleil, l’ombre d’une forêt l’attire, il y court. Il se retourne et voit qu’il est suivi par deux êtres merveilleux, deux elfes ou deux fées, il ne sait pas exactement. Il voit bien qu’elles lui parlent mais il ne les comprend pas. Leurs mots lui parviennent légèrement distordus ou alors leur langue lui est étrangère, il se sent dans l’indécision totale. Il juge finalement que ce sont des fées, elles ont sa taille, elles irradient une lumière bleutée, elles ne touchent pas le sol, dans leurs dos de petites ailes les soutiennent en apesanteur, il les trouve absolument magnifiques, elles ont de belles courbes féminines bien placées et dans les proportions qu’il préfère. Il abandonne l’idée de se réfugier dans les bois et court vers elles. Dans un éclat de rire, elles l’esquivent.

Plusieurs fois il tente de les étreindre mais à chaque tentative il ne récolte que du vent même si celui-ci semble lui caresser tout le corps. Il ressent une chaleur agréable mais se sent frustré de ne pas pouvoir toucher ces belles demoiselles. Celles-ci rient de plus belle, se moquent-elles de lui pauvre mortel ? Sans doute un peu mais il ne semble pas que ce soit avec malice, pour elles c’est juste un jeu divertissant. Enfin elles finissent sans doute par s’en lasser car elles s’écartent un peu plus et lui envoient des baisers en soufflant dans leurs mains, puis elles disparaissent dans un halo éblouissant. Il n’entend plus que leurs rires qui s’éloignent.

Il constate qu’il est quasi-nu, vêtu seulement d’une sorte de pagne entourant sa taille et cachant son sexe. Celui-ci a frémi en présence des deux fées, réaction masculine bien naturelle. Mais elles se sont enfuies aussi ce début d’érection a molli. Il trouve la chaleur du soleil trop cuisante sur sa peau, c’est ce qui doit l’inciter à se réfugier dans la fraicheur du sous-bois. Il fait les pas nécessaires, juste assez pour être à l’abri. Un lit de mousse lui fait les yeux doux, il lui cède et s’y allonge. Il entend plus distinctement le chant des oiseaux. Il se sent bien, au repos mais s’interroge : que fait-il ici et dans cette tenue presqu’indécente ? Où est-il ? Est-ce un rêve ou la réalité ? Il vient de voir deux fées mais ces êtres n’existent pas ailleurs que dans l’imagination des écrivains de contes pour enfants. Pourtant il se sent parfaitement adulte, alors ? Il repense aussi à ces romans de science fiction qui prétendent qu’il existe des mondes parallèles, a-t-il franchi une brèche sans le vouloir ? Un mugissement assez près le fait sursauter et interrompt ses pensées. Un animal doit être assez proche. Il n’a pas su distinguer la distance ni s’il s’agit d’un prédateur quelconque. Car brusquement il se sent moins en sécurité. Après tout il n’a rien pour se défendre sauf ses poings ce qui est bien peu. Cette fois il entend un grognement : un ours ? Si c’est le cas, que faire ? S’enfuir, faire le mort ou tenter de se réfugier dans un arbre ? Il constate que toutes les branches les plus basses lui semblent inaccessibles. Il préfère donc se coller contre un tronc et ne plus bouger dans l’espoir que l’animal passera sans le voir. D’ailleurs il l’a entendu mais il ne l’a pas vu. Il entend le bruit de fougères écrasées, un pas lourd s’approche.

Il espère ne pas paniquer. Mais une peur indicible envahit son corps et son âme. Un souffle rauque tout près, il se sent fichu. Il ferme les yeux de désespoir. Et puis soudain il se sent soulevé et entrainé de nouveau dans la clairière baignée de soleil. Il ouvre les yeux : les deux fées sont revenues le chercher. Elles le portent sans effort apparent.

Où l’emmènent-elles ? Il ne sait pas mais il comprend surtout qu’elles l’ont sûrement sauvé…

Et il se réveille sur ce lit où il vient de s’assoupir, dans cette chambre qui ne lui est toujours pas familière, les deux filles toujours aussi blondes et nues sont penchées sur lui et lui sourient.

Etonné, il reprend pied dans la réalité ou ce qui lui ressemble le plus. Il a dormi et rêvé mais il n’arrive toujours pas à se souvenir où et quand il a pu rencontrer de si belles créatures. Tant pis, il se dit qu’après tout autant vivre intensément l’instant présent. Puisqu’elles semblent attentives et disponibles, sans doute pourrait-il tenter de…

Alors il tend les bras et les enlace, du moins il essaie, mais elles s’esquivent en riant, tout comme les fées dans son rêve. Pourtant il est sur que s’il ferme à nouveau les yeux, elles vont se montrer plus câlines, il ne sait pas pourquoi mais il le devine. Alors il baisse ses paupières et attend. Son instinct ne l’a pas trompé, il sent la chaleur de leurs corps contre lui comme à son réveil. Il espère davantage. Très vite son désir est récompensé. Il sent des mains parcourir son corps. Il frémit sous une multitude de caresses de plus en plus précises. Maintenant, il en est sur, des lèvres humides s’approchent de son pubis. D’autres plus chaudes remontent sur ses cuisses qu’il entrouvre.

Va t-il connaître l’extase du plaisir prodigué par ces deux jolies filles ? Un autre air lui traverse l’esprit “Annie aime les sucettes, les sucettes à l’anis, les sucettes à l’anis d’Annie donnent à ses baisers un gout anis”. Soudain il lui semble fondre dans un tourbillon, il n’a pas eu le temps de vérifier si elles vont s’occuper de la partie la plus sensible et érectile de son anatomie. Il le regrette mais il plonge dans un océan de douceurs d’une suavité extraordinaire. Il comprend qu’il vient à nouveau de rejoindre le pays des songes.

 Cette fois il nage dans une mer dont il sent à peine les vagues, il est très loin de la côte qu’il aperçoit néanmoins. D’une brasse limpide il tente de la rejoindre mais elle semble s’éloigner de plus en plus. Près de lui il sent des mouvements, il s’en inquiète puis se rassure très vite, deux jolies sirènes l’entourent. Elles sont nues jusqu’à la taille, il suppose que sous l’eau leurs queues de poissons leurs permettent de se tenir presque immobiles si près de lui. Elles lui sourient intensément et lui parlent. A nouveau il regrette ne pas connaître le langage de tous ces êtres fabuleux.

Soudain des remous plus fort le font presque chavirer. Les deux sirènes s’éloignent. Qu’Est-ce ? Une baleine ? Un cachalot ? Non il craint plutôt un requin ou un orque. L’un comme l’autre est capable de ne faire qu’une bouchée de son corps. A nouveau une indicible peur l’envahit. Il se sent si ridiculement fragile devant une possible agression meurtrière. Il ne peut se cacher au milieu de toute cette eau qui n’est pas son élément privilégié.

Bien sur il sait nager mais il ne peut rien contre la puissance d’un prédateur marin. Il espère seulement ne pas être confondu avec un phoque ou une otarie. Trop tard, l’animal se rapproche rapidement et avec puissance. Il s’apprête à sentir ses dents percer sa peau. Et puis il aperçoit les deux sirènes, elles détournent son agresseur vers elles. Elles chantent d’une voix mélodieuse. Il dévie sa trajectoire, semble sous le charme, puis il s’éloigne. A nouveau il a été sauvé d’une mort affreuse. Il veut les remercier, il nage vers elles. Elles l’entrainent vers la plage et l’y projettent, elles ne peuvent aller plus loin, leur nature de femme-poisson leur interdit la vie terrestre. A regret, il les voit s’éloigner, il chantonne “j’aime regarder les filles qui marchent sur la plage, leurs poitrines gonflées par le désir de vivre, leurs yeux qui se détournent quand tu les regardes,  le vent qui les décoiffe et leurs sourires fugaces”. Il retire son pagne trempé, son unique vêtement, afin qu’il sèche, il le pose sur un petit tronc mort échoué comme lui. Il compte se dorer un peu au soleil juste pour assécher sa peau.

Et il se réveille à nouveau dans cette chambre inconnue avec ces deux jolies filles blondes et nues penchées sur lui qui lui sourient. Elles lui proposent du café bien chaud, il accepte avec joie, se redresse et s’assoit dans le lit. L’une d’elles lui a installé un oreiller dans son dos afin qu’il soit parfaitement à son aise. L’autre verse dans un bol le liquide odorant et fumant. D’un geste, car toute cette courte scène s’est faite sans parole, elle cherche à savoir combien de sucres il préfère. Il tend deux doigts. Elle lui tend le bol. Il avale presque goulument le breuvage, il espère que celui-ci va lui permettre de rester enfin totalement éveillé. Il souhaite enfin faire plus ample connaissance avec elles. Et peut-être enfin comprendre où il est et comment il les a rencontrées. Il finit le bol, n’en laissant pas une goutte. Mais au lieu de l’effet attendu, il s’aperçoit que sa vue se brouille, pas de doute il va de nouveau sombrer ailleurs.

Il se retrouve sur la plage de son précédent rêve, pour une fois les évènements s’enchainent. Il chantonne “j’avais dessiné sur le sable son doux visage qui me souriait, puis il a plu et dans cet orage…” A ce moment comme un écho, un éclair aveuglant traverse le ciel avec un bruit de tonnerre. C’en est fini de son havre de paix. De lourds nuages noirs obscurcissent le ciel bleu azur un instant plus tôt. Une pluie violente s’abat sur lui. Les gouttes tombent drues sur le sable et creusent des mini-cratères tout autour de lui. Les éléments se déchainent, un vent se lève et vient le fouetter. Il n’a pas le choix, il ne peut rester recroquevillé sur lui-même à attendre la fin de cette tempête. Il aperçoit des palmiers à quelques dizaines de mètres. Il court vers eux pour s’abriter. Il pense néanmoins que ce n’est sans doute pas très prudent : ne lui a-t-on appris plus jeune qu’il est dangereux de se cacher sous un arbre pendant un orage. Il le sait mais que faire d’autre ? A ce moment perçant les nuées menaçantes il voit fondre vers lui deux merveilleuses créatures féminines dotées de larges ailes. Pas celles minuscules des fées de son premier rêve.

Non, celles-ci lui semblent immenses et puissantes comme celles des aigles. Mais il ne s’agit pas de rapaces, ce sont plutôt deux anges venues le secourir et l’emporter loin de cette tourmente. A nouveau le soleil réapparait, le grain est resté derrière eux, il vole soutenu par elles à une vitesse prodigieuse. Enfin elles le posent  très haut sur la pente d’une montagne. Malgré l’altitude il n’a pas froid, et pourtant il est nu, son pagne a dû être victime d’une bourrasque, il n’a pas eu le temps de le retrouver afin de s’en ceindre et voiler sa pudeur. Les anges ne s’en sont pas émues le moins du monde. Elles le quittent avec élégance. Il est seul. Il comprend néanmoins qu’il a la chance d’être à chaque fois sauvé par des créatures imaginaires. Va-t-il une fois de plus reprendre conscience dans cette chambre inconnue ? En attendant il a l’impression d’entendre une douce mélopée chantée par une voix féminine “Viens sur la montagne, tout près du ciel j’ai ma maison, viens sur la montagne là-haut il fait si bon”.

 Son espoir est récompensé. Il se retrouve une nouvelle fois allongé sur ce lit moelleux avec ces deux jolies blondes nues penchées sur lui. Il souhaite leur demander pourquoi le café ne l’a pas tenu éveillé mais au contraire envoyé vivre une autre onirique aventure. Est-ce le breuvage noir le responsable ou bien les deux sucres ? Quelques gouttes d’une drogue de type lysergique les ont-ils imprégnés ? Si oui, que veulent-elles lui faire endurer ? D’autres voyages “psychédéliques” peut-être ? Mais pour cela il faut être pleinement consentant, or il ne se souvient pas avoir donné son accord. Aussi la question essentielle lui revient : sont-elles des démons au visage innocent ?

Elles ne parlent pas davantage que les fées, les sirènes ou les anges qu’il a rencontrés et qui l’ont à chaque fois sorti de situation périlleuse. Elles se contentent de sourire très gentiment et de lui faire partager la chaleur de leurs corps sans qu’il puisse oser un geste supplémentaire. Il se sent manipulé. Une légère colère le prend, il les écarte avec agacement et se lève. Il se retourne, elles n’ont pas bougé, il ne lit aucune tristesse aucun dépit sur leurs visages. Elles ne sont pas fâchées contre lui, elles ne semblent pas surprises de sa réaction non plus. Elles restent à la même place posées sur leurs genoux, leurs longs cheveux blonds balayant leur dos et leurs jolies faces tournées vers lui. Il sort de la chambre avec énergie, se heurtent encore aux murs du couloir, il arrive dans un salon baignée de lumière traversant une large baie vitrée. Il avance et se retrouve sur un balcon. Il doit être très haut, il ne sait à quel étage mais en se penchant il n’aperçoit pas le sol plus bas. Il chante alors “je suis le fils de l’homme et de la femme, ça m’étonne je pensais être davantage, quelque chose dans les yeux une flamme, je lève la tête et je brûle les nuages”. Mais où est-il ? Au Paradis ?

Il revient dans la grande pièce, il la trouve étrange, elle ne semble pas garder des proportions fixes selon l’angle de sa vision. Pourtant il s’agit bien d’un salon, les meubles lui semblent d’une consistance familière. Il se dit qu’il doit être encore sous l’empire de cette substance versée dans son café ou sur ses sucres. Il en est sur maintenant, les jolies blondes nues l’ont bien drogué, mais dans quel but ? Epuisé soudainement il se réfugie sur un large canapé qui lui tend les bras. Le sol lui semble mouvant. Se tournant vers la fenêtre il aperçoit avec appréhension une brume légèrement colorée envahissant la pièce lui faisant perdre tous repères stables. Il a peu à peu le sentiment de flotter dans cet univers vaporeux. Il perd la notion du temps et de l’espace. Il ne cherche plus à savoir où il se trouve, il préfère laisser s’enchainer les évènements puisqu’il n’arrive pas à les maitriser. Il baisse les paupières et pense à la chanson de son guitariste préféré, ce noir américain mort il y a si longtemps mais dont il collectionne amoureusement tous les disques reproduisant des versions alternatives, des démos, des  outtakes, des concerts par centaines : “Purple haze was in my brain, lately things don’t seem the same, actin’ funny but I don’t know why, excuse me while I kiss the sky”(la vapeur pourpre était dans ma cervelle, plus tard les choses ne semblent pas les mêmes, jouant drôlement mais je ne sais pourquoi, excusez moi pendant que j’embrasse le ciel). D’ailleurs il lui semble entendre le son de sa guitare se lançant dans un de ses magnifiques solos dont il a le secret. S’il est au paradis, il ne sait comment ni quand il y est arrivé mais si c’est pour y découvrir de nouvelles sonorités sortant de l’imagination de son idole disparue trop tôt, il veut bien considérer la chose comme très agréable. Puis la musique s’éloigne trop vite, le nuage aussi. Ouvrant les yeux, il retrouve ces deux jolies blondes nues à ses côtés. Il s’habitue à leur présence, même s’il lui semble impossible de communiquer avec elles autrement que par des sourires et des  douces caresses de leur part.

Et puis pourquoi le paradis ? Le mérite t-il ? Pour peu que cette promesse bien chrétienne se base sur quelque chose de tangible… Il n’est pas croyant après tout : ni en Vishnou, Jéhovah, Allah ou Manitou… Bien sur dans sa tendre enfance ses parents l’ont plus ou moins obligé à suivre le catéchisme catholique, mais juste après sa communion solennelle à 12 ans il a cessé de fréquenter les églises sauf au moment de mariages ou d’enterrement de proches. Il ne s’est pas confessé depuis cet âge et il sait bien qu’il a au moins 35 ans. De plus il n’a pas le sentiment d’avoir été un parangon de vertus dans son existence jusqu’à ce jour. Pour se faire sa place au soleil, il faut parfois sacrifier certaines relations. Au fait quel est son métier ? Il est sur de son âge, son nom il l’a découvert dans le blouson dans cette chambre mais cela ne lui indique pas son occupation. Il se sent artiste. Musicien ? Peut-être… Chanteur ? Pourquoi pas… Mais surtout pas critique musical. Comme le chante un québécois qu’il apprécie “je me fous pas mal des critiques, ce sont des ratés sympathiques”. Dans la même chanson il précise “je fumerai du pot, je boirai de la bière, mais faut que je pense à ma carrière”. Et ça il en est absolument certain : il n’a jamais refusé un joint ni l’appel d’une mousse, qu’elle soit brune ou blonde. Au fait à propos de blondes, il tient à trouver le moyen de communiquer avec ces deux jolies filles nues aux cheveux de cette couleur. De plus il est certain que ce ne sont pas des décolorées comme trop souvent, elles sont blondes de partout y compris sur un endroit précis de leur séduisante anatomie qu’il n’a pu s’empêcher d’admirer. Mais pourquoi ne parlent elles pas ? Ou bien, est-ce comme avec les créatures rencontrées dans ses rêves, elles utilisent un langage qu’il ne peut ni comprendre ni percevoir ? S’il trouve de quoi écrire,  il va tenter de les interroger par ce moyen.

(A suivre)

 PS : références musicales :

  • un éléphant me regarde” Antoine (1966)

  • j’aime les filles” Jacques Dutronc (1966)

  • Les sucettes” France Gall (1967)

  • J’aime regarder les filles” Patrick Coutin (1981)

  • Aline” Christophe (1965)

  • Viens sur la montagne” Marie Laforêt (1966)

  • je te veux” Johnny Hallyday (1969)

  • purple haze” Jimi Hendrix (1967)

  • ordinaire” Robert Charlebois (1970)


 

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