Friedrich Wilhelm FOERSTER avait écrit « Mein Kampf » avant Hitler
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Professeur de philosophie et de pédagogie morale, Friedrich Wilhelm Foerster (1869-1966), qui a déjà imposé ses convictions à travers son œuvre maîtresse liée au Christianisme et la morale, Christentum und lassenkampf (1905) s’opposera de manière critique à la politique militaire de l'Allemagne à l’occasion du premier conflit mondial. La responsabilité de la guerre selon lui incombe à la nation allemande.
En raison de ses prises de positions politiques radicales, Foerster sera isolé au sein des Pacifistes et s’en écartera en 1920. Cette année-la, il publie son Mein Kampf qui se place tout à fait à l’opposé de celui qu’Hitler publiera quatre ans plus tard (« Mes combats à l’assaut du militarisme et de l’Impérialisme allemand »). Si son livre est aujourd’hui oublié, à l’époque il fit des vagues, comme en atteste un article de 1938 :
- Dans la masse formidable des discussions historiques que pourrait soulever un livre qui remonte à Charlemagne et au Traité de Verdun de 843, le seul reproche un peu sérieux que nous ne nous retiendrons pas de faire à l’auteur, est d’avoir négligé la guerre de 1864. Elle est pourtant le point de départ de l’oeuvre géniale et diabolique d’un Bismarck, comme elle est à l’origine de cette guerre de 1866 qui prend une si grande place dans son système historico-politique. Que de choses à dire du pangermanisme sous toutes ses faces, de la façon dont Foerster voit la physionomie et l’œuvre de Bismarck, puis celle d’Hitler ! Hitler pour lui parachève le prussianisme en Allemagne, mais il est autrichien (le Journal des débats).
Hitler a-t-il sans vergogne pompé le titre de son livre à Foerster ? Pas lui, mais son éditeur : intitulé à l’origine Viereinhalb Jahre [des Kampfes] gegen Lüge, Dummheit und Feigheit ("Quatre ans et demi [de lutte] contre les mensonges, la stupidité et la couardise"), c’est sur l’instigation de l’éditeur nazi Max Amann qu’il prendra son titre définitif Mein Kampf. Eine Abrechnung (Mon Combat. Un bilan).
Non content de s’opposer ouvertement au futur Fürher, Foerster fonde en 1930 sa propre revue, Die Zeit, ("Le Temps"), qui paraîtra jusqu’à l’avènement d’Hitler en 1933. Après l'arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes en Allemagne, ses œuvres seront brûlées publiquement pour agir « contre la mentalité honteuse et la trahison politique ».
Foerster est inscrit sur la première liste d'expatriation signée le 23 août 1933 par le ministre de l'Intérieur du Reich.
Après l'occupation de la France en 1940, il part pour le Portugal puis émigre aux États-Unis où il vit jusqu'en 1963. Il se retire en Suisse où il termine sa vie dans un établissement de soins.
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