Sommes-nous protégés, monsieur Castaner ?

« Sommes-nous protégés »... Je fais référence à "Sommes-nous défendus", un film français de propagande sorti sur nos écrans en 1938… et visible aujourd’hui sur Facebook. On y vantait la force de nos armées et de la ligne Maginot, capable de tenir le temps qu'il faudrait… tandis que de l’autre côté du Rhin on jurait que le Troisième Reich, lui, tiendrait mille ans.

« Sommes-nous protégés » ?

C'est le courrier d'une amie, du troisième âge comme moi et tout aussi peu redoutable, qui m'a fait me pencher sur la question « Sommes-nous protégés » :

- « Je viens juste de rentrer de quelques jours de détente en Belgique, Bruxelles, Anvers et Bruges la Belle, tout un monde un peu hors du temps... Changement brutal d'ambiance en rentrant par les Hauts de France : plein de soldats en armes à Arras et filtrage des gens à l'entrée du marché de Noël, mon petit fils de quatre ans a comme moi été soigneusement fouillé ! Je confirme et précise : j'ai été « palpée » par une dame et j'ai dû passer dans la file des messieurs pour que le petit de 4 ans soit fouillé par un monsieur. Respect des formes. Et sans humour aucun malgré nos réflexions moqueuses ».

Alors je me suis posé cette grave question : une mamie du troisième âge et un mouflet de quatre ans représentent-ils réellement un DANGER ? Dans l'absolu, OUI, me répondrez-vous... mais soyons PRAGMATIQUES (tiens, ça va faire plaisir à Macron que j'cause comme ça) : même aux Etats-Unis où pourtant on flingue comme chez nous on va au bistrot, je n'ai JAMAIS entendu parler d'attentat perpétré par une mamie armée d'un mioche de quatre ans.

« ici et maintenant », disait l'un... « En même temps... » répond l'autre... Une mamie du troisième âge et un mouflet de quatre ans peuvent représenter un danger à un endroit et à un instant précis... mais pas en janvier 2020 à Arras.

Alors pourquoi cette humiliation pour la dame, ce souvenir qui restera traumatisant pour l'enfant ? Pour que LES AUTRES se sentent en sécurité ? Ah la fameuse sécurité, monsieur Castaner, cette valeur en or pour laquelle votre parti... pardon, votre mouvement (les Partis, c'est le vieux monde), …

La fameuse sécurité, cette valeur en or... non, soyons précis, cette valeur qui VAUT de l'or et pour laquelle votre mouvement de même que celui de Le Pen font des pieds et des mains... Cette sécurité qui fait jaillir « plein de soldats en armes à Arras », le peuple la ressent-il vraiment, cette sécurité... Le peuple se sent-il "protégé" ou au contraire est-il mal à l'aise ?

Moi personnellement je suis mal à l'aise d'imaginer qu'on puisse « palper » une dame du troisième âge et « fouiller » un mouflet de quatre ans. Alors pourquoi ?

- « Parce qu'on fouille tout le monde ! »

- Pourquoi fouille-t-on tout le monde ? Pour ne pas heurter la sensibilité de ceux qui présentent un "profil à risques". Dans les grands magasins, on paie des gens qui « ont l'oeil ». Quand ils repèrent quelque chose ou quelqu'un de suspect, ils s'en occupent efficacement sans faire chier tout le monde, sans humilier ou effrayer inutilement des gens qui n'ont rien fait.

Alors, dans le privé, il y aurait « des gens qui ont l'oeil », mais pas dans les services du ministère de la Justice ou des Armées ? Mais alors si c'est le cas nous ne sommes pas en sécurité, si on ne parvient pas à discerner les possibles malfaisants (tiens, comme à la Préfecture de police le 3 octobre 2019. Il avait pas été « palpé », le mec... Et pourtant on a appris depuis qu'il était « suspecté de mauvaises pensées » depuis plusieurs mois... ou bien à Villejuif le 3 janvier 2020, attentat qui pose une question pertinente : pour des raisons économiques on remet dans le circuit libre des gens qui devraient rester en observation en hôpital psychiatrique... mais comme il n'y a pas suffisamment de crédits pour recruter en milieu hospitalier et qu'il faut en plus dégager des lits, d'innocents promeneurs paient les pots cassés d'une gestion des hôpitaux pointée du doigt depuis des années. Ma conclusion - et à mon avis nul ne peut la contester - un type qui a fait plusieurs séjours en hôpital psy et qui termine dans un square à zigouiller des promeneurs, c'est qu'il a été mal soigné.

Bref, cette anecdote de mon amie au marché de Noël d'Arras me fait penser que nos fonctionnaires ne sont peut-être pas vraiment où ils devraient... Bientôt on verra davantage d'agents de la circulation devant les impasses qu'aux carrefours dangereux... Un redéploiement autour des gens potentiellement dangereux serait peut-être plus efficace qu'autour des mémées et des mouflets.