Un manuscrit : Mary PICKFORD écrit à ses admirateurs français en 1923

Publié le par Daniel LESUEUR

  En mai 1918, Le Film (journal dont le directeur était M. Henri Diamant-Berger et le rédacteur en chef Louis Delluc), écrivait que Gladys Louise Smith dite Mary Pickford (1892 – 1979), Américaine née au Canada, renonçait définitivement à l'écran. Douze ans avant son vrai retrait :

- Atteinte, depuis la mort de son frère, d'une grave maladie de nerfs, la grande artiste américaine termine, en ce moment, le dernier des six films qu'elle doit à l'Artiraff, avant de quitter l'art muet.

Une retraite de courte durée, si l'on en croit La Cinématographie française n°2 de novembre de la même année qui propose un autre son de cloche :

- Tout augmente ! Mary Pickford, dont le contrat avec la Paramount arrive bientôt à expiration, demande pour le renouveler la bagatelle de deux millions de dollars par an. Miss Pickford, vous allez fort !

Il faut dire que Mary avait déjà derrière elle une longue carrière puisqu'elle avait commencé sur les planches à l'âge de cinq ans. Au cinéma, son premier petit rôle remonte à 1909. Elle tourna une comédie avec Mack-Sennett, The New York Hat, puis The Violin maker of Cremona, un drame aux côtés de Florence Lawrence, la grande étoile de l'époque. On la vit aussi dans des rôles de petite Indienne dans des drames se déroulant à l'époque de la guerre de Sécession. À cette époque, les producteurs se refusaient à indiquer les noms de leurs acteurs de peur qu'une compagnie rivale ne vint leur faire des propositions plus avantageuses. C'est ainsi qu'elle fut dénommée Dorothy Nicholson jusqu'à 1913.

Devenue Mary Pickford, elle tourne The Bishop's carriage (film en cinq parties), Caprice (avec Owen Moore), Hearts adrift, Tessibel of the storm country. Puis, en 1914 The Eagle's mate, Such a little Queen, Behind the scenes, Cinderella (Cendrillon). En 1915 Mistress Nell, Fonction the cricket, The dawn of a tomorrow, Little Pal, Rags (que l'on a édité en France sous le titre de Marie-les-Haillons), Esmeralda avec John Barrymore pour partenaire, Twisted Paths, The Foundling (vu en France sous le titre de Molly) et Madame Butterfly. La « petite fée du monde », « Little Mary » (Petite Mary) ou « La fille aux boucles », séduisit le public par sa grâce juvénile et primesautière dans des films comme Pauvre petite fille riche ou Le Petit Lord Fauntleroy. Avec Griffith, elle tourna, entre autres films (19 entre 1908 et 1913), Friends, Ramona et A Pueblo legend, où son partenaire était Owen Moore, qu'elle épousa peu après (elle devait, par la suite, rencontrer Douglas Fairbanks, l'épouser, fonder avec lui, avec Charlie Chaplin et D.-W. Griffith la United Artists et... continuer une carrière remarquable).

À la fin de 1917, sous la direction de Cecil B. de Mille, elle interprète The Litlle American, un film de propagande qui parut au moment où l'Amérique déclarait la guerre à l'Allemagne et qui constituait une émouvante protestation aux atrocités commises par les hordes germaniques en France et en Belgique. De l'avis de tous ceux qui l’ont vu, jamais Mary Pickford n'avait jusqu'alors atteint à un tel degré d'émotion.

Mary fut sans doute l'artiste dont on annonça le plus souvent la chute :

- Mary Pickford qui, dans les dernières années de ses immenses succès, recevait environ 5 000 lettres par semaine, a vu — avec plaisir, je suppose — sa correspondance diminuer jusqu'à 2 000. C'est encore coquet : cent quatre mille lettres de félicitations par an, cela donne une idée du total atteint jusqu'à ce jour, depuis les débuts de la charmante petite fille (Cinémagazine, 1928).

Le passage au parlant fut impitoyable... Trois petits tours et puis s'en va... ou plus exactement quatre petits tours de manivelle après une centaine de muets : Coquette et La Mégère apprivoisée (The Taming of the Shrew) en 1929, Kiki en 1931 et Secrets, de Borzage, en 1933. Après son retrait de l'écran, Mary Pickford devint dépendante de l'alcool, l'addiction qui avait déjà touché son père et qui ravagea la famille : son premier mari, sa mère Charlotte, sa sœur Lottie et son frère Jack.

À la fin de sa vie, Mary s'inquiéta d'avoir perdu sa citoyenneté canadienne du fait de ses trois mariages avec trois citoyens américains, dont le dernier, l'acteur Charles « Buddy » Rodgers avec qui elle restera quarante ans, jusqu'à son dernier souffle.

 

 

Publié dans PEOPLE, CINEMA

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