Cet article est extrait du livre 150 biographies insolites du XXe siècle (cliquer ICI).
Guy Maynard Liddell (1892-1958) tenait un journal intime relatant essentiellement ses années passées à la tête du MI5 (disponible en deux volumes sortis en 2005, « 1939-1942 » et « 1942-1945 »).
Après la Première Guerre mondiale durant laquelle son héroïsme lui a valu la Croix Militaire, Liddell rejoint Scotland Yard et démantèle un réseau d'espions russes basé à Londres. Cette connaissance du terrain lui vaut, en 1931, d'être transféré au MI5 et d'être reconnu expert aux affaires soviétiques subversives sur le territoire britannique. Conscient de la menace que représentait Hitler, en 1936 il se rendit à Washington puis continua depuis Londres à aider le FBI et Edgar Hoover à anéantir un nid d'espions allemands regroupés à New York.
Lorsque la guerre éclata, Winston Churchill nomma Liddell directeur du service de contre-espionnage. L'un de ses subordonnés au MI6, le Yougoslave Dusan Popov, agent double sous les noms de code « Ivan » et « Tricycle », l'informa de l'intention des Japonais de détruire la flotte américaine à Pearl Harbor. Liddell prévint immédiatement Hoover qui ne le prit pas au sérieux ; c'est toutefois lui, Hiddell, qui tomba en disgrâce pour ne pas en avoir informé l'ONI (bureau du Renseignement de l'US Navy).
En Grande-Bretagne il restait néanmoins respecté et était en passe d'être nommé directeur général du MI5 lorsqu'il fut soupçonné d'être lui aussi un agent double : son amitié avec le traître Kim Philby (que connaissait fort bien Graham Greene) et les espions homosexuels Anthony Blunt et Guy Burgess était plus que suspecte.
Liddell termina sa carrière comme agent de sécurité à l'Autorité britannique de l'énergie atomique. Il mourut en 1958 ; ce n'est qu'en 1979 que l'intellectuel marxiste Goronwy Rees qui faisait partie des Cinq de Cambridge révéla que Liddell était le cinquième. Il a pourtant, depuis, été blanchi et réhabilité, la seule charge qu'on puisse retenir contre lui étant le mauvais choix de ses fréquentations...
Pearl Harbor n'est pas la seule catastrophe qui aurait pu être évitée : il en fut de même pour les Twin Towers (cliquer ICI pour lire l'article).