Twiggy : mannequin, chanteuse, actrice… et muse des Beatles et de David Bowie
Grande banlieue de Londres, février 1966… Leslie Hornsby a été convoquée pour poser sous l’objectif du photographe Barry Lategan.
Rien que pour la coiffer, sept heures ont été nécessaires.
Comme c’est un peu fastidieux, elle en a profité pour feuilleter des magazines. A la une, les Rolling Stones et les Beatles, ses idoles. Elle ignore encore que dans quelques mois elle sera à leurs tables dans les endroits les plus chics de la capitale.
Une séance de photos qui s’avère payante
A l’issue de cette séance marathon, Leonard, le grand coiffeur à la mode, est emballé. Leslie sera son ambassadrice. Mais pas question de divulguer son identité. Elle est son mannequin, c’est lui qui va lui trouver un nom. Ce sera Twiggy (a twig : un bourgeon). Ensuite, à tort, on croira que « twiggy » signifie « maigre ».
A l’époque, il n’était vraiment pas « tendance » d’être maigre. Twiggy trouvait qu’elle ressemblait à… Olive Oyl (la fille dans le dessin animé de Popeye).
Une campagne de presse efficace
Deirdre McSharry, journaliste au Daily express et future rédac’ chef de Cosmopolitan lance le slogan « Visage de l’année » : « I name this girl the face of 1966 », écrit-elle. A l’époque, on n’employait que rarement le terme « anorexique », on disait moins élégamment « squelettique » !
N’empêche que la squelettique jeune fille semble ne pas manquer de charme : elle séduit le monde entier, et particulièrement le coiffeur Justin de Villeneuve qui sera son manager jusqu’en 1973.
Manager et ami
On ne peut empêcher les rumeurs sur le compte du tandem (couple ?) que forment Twiggy et Justin. Mais, au début, tout le monde s’en moque : en 1967, on est certain que Twiggy n’est qu’un phénomène de mode condamné à disparaître aussi rapidement qu’il est apparu. Twiggy et Justin se séparent en 1973.
Dans sa première biographie parue en 1975, Twiggy minimise la part de Justin dans son accession au vedettariat. Et dans sa seconde biographie, « Twiggy in black and white », il n’est même plus cité !
Mannequin, chanteuse, actrice… et muse des Beatles
Actrice, elle était en 1971 la vedette de « The Boyfriend », comédie musicale de Ken Russel. Le célèbre mannequin, qui figurera à côté de David Bowie sur la pochette de l’album « Pin Ups » (1973), avait eu une petite carrière de pop singer sans pour autant entrer au hit-parade anglais ni américain ; en revanche, elle recueillit un succès monumental au Japon. Les quatre chansons enregistrées sur 45 tours en 1967 furent regroupées en 1971 sur l’album « Twiggy and the Girlfriends » aujourd’hui disponible sur CD (les huit autres titres, interprétés par The Silver Screen Syncopators, sont instrumentaux). Récemment interviewée au sujet de ces 4 vieilles chansons, Twiggy expliqua qu’elle n’avait jamais eu le courage de réécouter « ces vieilles horreurs ».
Double Blanc
Fin 1968, lorsque sort le double album surnommé « Double Blanc », on ignore que la chanson « Back in the USSR » a été écrite pour Twiggy par son ami Paul McCartney pour illustrer un documentaire, « Twiggy in Russia ». Un documentaire… qui ne vit pas le jour : l’invasion de la tchécoslovaquie par les chars russes mit un point final au projet. C’est également pour twiggy que Paul écrivit une assez médiocre chanson, « Gotta sing, gotta dance »… que Twiggy refusa d’enregistrer. Dépité, Paul l’interpréta lui-même, une fois à la télévision américaine.
Pin ups
Bowie avait déjà évoqué la jeune femme dans sa chanson « Drive-In Saturday », via les paroles Twig the wonder kid. En tant que fan, il lui propose de la rejoindre au studio d’enregistrement à paris accompagnée de son ami et photographe Justin de Villeneuve. Le hic : Twiggy ne ressemble pas à Twiggy : elle vient de prendre des vacances en Californie et elle est aussi bronzée que Bowie est pâle comme un cachet d’aspirine. Mais pas question, pour Justin, de rater, peut-être pas la photo du siècle, mais au moins la photo de l’année. Il a donc l’idée de pâlir le visage de sa maîtresse… tout en laissant apparaître le bronzage sur le reste du corps, en l’occurrence le coup et les épaules.
C’était sa dernière séance
Il est temps, pour Twiggy, de tourner la page des sixties, d’ailleurs dépassée depuis trois ans. Mais pas question de rester sans rien faire : son expérience de la caméra –la grande, celle pour le cinéma !- l’a enthousiasmée.
Si Ken Russel a été emballé, il ne devrait pas être bien difficile de séduire des producteurs de plus petite envergure que ceux du cinéma, à savoir la télévision
Petit écran
Un producteur de la BBC s’étant montré intéressé, dès 1973 Twiggy présente un show simplement intitulé « Twiggs » et dans lequel elle présente des vedettes de la chanson aussi bien que des… bourgeons (des débutants). Elle tourne également dans la troupe de Butterfly Ball du bassiste de Deep Purple Roger Glover, dont la chanson « Love is all » est un énorme succès fin 1974… et passe encore aujourd’hui fréquemment à la radio. L’expérience lui redonne le goût de la chanson
1966-1976 : dix ans, non pas sans chanter puisqu’elle l’avait fait occasionnellement à la télévision et sur scène, mais sans avoir publié un seul disque.
Dix ans, ça suffit !
Séparée de Justin de Villeneuve, elle peut faire ce qu’elle veut de sa carrière. En juillet 1976, elle publie un premier 45 tours, « Here I go again », et comme le succès est au rendez-vous, un album est enregistré sur sa lancée. Musicalement parlant, ses choix se portent sur la country music d’avantage que sur le disco ou la pop. Puis, conséquence logique, un deuxième album et des concerts. Et dans la foulée, un troisième album qu’elle demande à enregistrer à Nashville, berceau de la country music
Le clash !
Pour une raison que Twiggy n’a pas jugé bon de révéler, son troisième album, bien qu’enregistré, n’est pas sorti. Mauvaise entente avec sa compagnie discographique ? Toujours est-il que, dépitée, l’artiste va à nouveau rester plusieurs années sans enregistrer.
Silence radio entre 1978 et 1985
Entre fin 1985 et début 1986, elle publie quatre chansons sur le label de disques Arista… qui fait faillite au moment où elle comptait enregistrer un album complet de reprises de tubes des sixties. Mais de toute façon elle ne se faisait plus de grande illusion sur sa carrière de chanteuse : vivant à Londres, elle savait que le monople de la BBC y était trop puissant. Le seul moyen de persister dans le monde du disque eut été pour elle de s’exiler aux Etats-Unis, ce qu’elle n’avait pas l’intention de faire.
Quelques mots sur sa vie privée
Elle s’est mariée en 1971 avec l’acteur américain Michael Witney. Il est mort en 1981 et Twiggy s’est remariée en 1988 avec Leigh Lawson, lui aussi acteur.