James Dean, Eddie Cochran : deux stars, un même destin

Publié le par Daniel LESUEUR

Tous deux étaient Américains, tous deux sont morts trop jeunes dans un accident de voiture au sommet de la gloire

Ceux dont on porte le visage sur les T. shirts furent le plus souvent des étoiles filantes, comme James Dean et Eddie Cochran. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le premier s'illustra dans un film furieusement rock’n’roll : « La Fureur de vivre », dont le titre original était « Rebel Without Cause » (traduit en français, nous retrouvons alors cette notion de révolte gratuite, sans raison, sans revendication). Révolution d'opulence qui éclate dix ans avant mai 1968 (refus de la société de consommation), vingt ans avant les punks, qui, finalement, délivrent le même refus, la même absence de message (« on ne sait pas ce que l'on veut, mais on le veut immédiatement »).

Les œuvres respectives de Dean et Cochran comportaient une bonne dose de rébellion

« Summertime Blues » est l’archétype de la chanson de protestation envers les valeurs reçues. En vrac, Eddie y conspue père et mère, et son patron au boulot. Autorité parentale, hiérarchie professionnelle, tout cela va gaiement aux orties. A ses yeux, le seul véritable souci du teenager américain de la fin des années 50 consiste à gagner un peu d’argent ("I’m working all summer, just to try to earn a dollar" : "Je travaille tout l'été pour gagner quelques misérables dollars"). Il y a 55 ans, le 30 septembre 1955, disparaissait James Dean.

Fou du volant ou dépressif ? James Dean était les deux à la fois…

C’est véritablement lui qui, en 1955, inventa le mode de vie et de mort du rocker... même s’il n’a pas enregistré un seul disque de rock. Dean est parti à 24 ans, jeune, beau, célèbre… et mal dans sa peau : traumatisé par la mort de sa mère lorsqu’il avait neuf ans, il cultiva très jeune le goût du macabre, sa photo la plus célèbre étant celle où il pose dans un cercueil, faisant avec les doigts le V de la victoire.

Un nœud coulant était accroché au mur de sa chambre en guise de décoration.

Un demi-siècle avant Elton John, il ne cachait rien de sa sexualité que laissait deviner son aspect malingre et androgyne : affichant sa bisexualité, il tente de s’affranchir de la rigidité des codes sociaux et en appelle à la provocation.

"C’est un grand danger (et une folle ignorance) que d’idéaliser la vie de James Dean dans ses moindres détails. Il avait lui-même tant de mal à vivre" (Michel Bulteau, James Dean, un beau cadavre, Editions du rocher).

Une sexualité marginale, en conséquence non épanouie, aggrave en effet le mal de vivre de ceux qui souffraient déjà de frustration.

Eddie Cochran, quant à lui, aurait pu être taxé d’homosexualité s’il avait chanté la version originale de son grand succès : « Jeanie Jeanie Jeanie », chanson qui s’appelait à l’origine « Johnny Johnny Johnny ». Le 17 avril 1960 disparaissait Eddie Cochran.

Il mourut à 22 ans, laissant une œuvre inachevée (1955-1960).

Il avait tout pour lui, le charisme, la beauté, le talent… Il aurait pu être… le King à la place du King ! Beau gosse tout autant que lui, Cochran présentait deux avantages sur Presley : il jouait mieux de la guitare et il écrivait lui-même ses chansons. Malheureusement le jeune Eddie ne profita guère de ses droits d’auteur…

Courtes carrières et morts violentes

Eddie Cochran est fréquemment considéré comme le James Dean du rock.

Le futur producteur des Beatles

Août 1958 : c’est en plein été –c’est de rigueur- que sort « Summertime blues »… qui est loin d’être un blues ! Ayant traversé l’Atlantique, la chanson tombe dans l’oreille d’un directeur artistique de la firme Parlophone, un certain George Martin qui, quatre ans plus tard, supervisera les disques des Beatles. Martin est tellement emballé par « Summertime blues » qu’il demande à un groupe vocal et local, les Vipers, de l’enregistrer. C’est un échec… mais on ne peut s’empêcher de rêver à la version que les Beatles auraient pu publier sous la houlette de Martin. Ce même Martin qui, bien involontairement, guide la main du destin : c’est lui qui, au sortir de la tournée anglaise du printemps 1960, réservera, pour Eddie, un funeste véhicule.

Un taxi à midi

Eddie Cochran, sa petite amie la parolière Sharon Sheeley et Gene Vincent se crashent en taxi sur la route qui les menait à l'aéroport londonien le 17 avril 1960 aux environs de midi. Sous la violence du choc, Eddie est projeté en dehors du véhicule. Transporté à l’hôpital, il y mourra à 16h10. Quel gâchis ! Il avait tout pour lui, le charisme, la beauté, le talent. Il aurait pu être le King à la place du King !

James Dean, Eddie Cochran : deux stars, un même destin

Publié dans musique, CINEMA, PEOPLE

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