1975-1977, mauvaises années pour Claude François
Les trois années qui ont précédé sa disparition furent particulièrement éprouvantes pour la vedette décédée prématurément à 39 ans
Claude François est né en Egypte en 1939. Suite aux évènements de Suez, sa famille s'installe à Nice. A vingt et un ans, il est batteur dans une formation de jazz, à Monte Carlo. Mal payé, exténué, il apprend le métier à la sueur de son front. Quelques mois plus tard, il triomphe avec Belles belles belles. Au point de faire trembler Johnny Hallyday et Richard Anthony confortablement installés au sommet des hit-parades.
Tous les deux ou trois mois, désormais, Claude François prend d'assaut les disquaires, les juke-boxes et les radios. Quinze ans, de 1963 à 1978, sans jamais déloger du hit-parade. Un exploit, car pratiquement jamais un passage à vide. Sauf entre 1975 et 1977… Troublant…
Le 18 mai 1963, Claude François qui n'a encore qu'un seul disque à succès à son actif, se fait lire les lignes de la main par une Gitane, diseuse de bonne aventure. Elle lui prédit une éclatante réussite professionnelle, mais rougit en constatant que sa ligne de vie est bien courte, qu'il risque de disparaître vers l'âge de quarante ans, à peine plus. Effectivement Clo-Clo mourra en 1978, âgé de trente-neuf ans.
Pas de chance avec l’Angleterre
Claude François est un habitué de la capitale britannique. C'est en 1967 qu'il part à la conquête du marché anglo-saxon. Il enregistre plusieurs chansons en anglais, dont son tube de l’époque, Sur le banc 21. Son entourage lui fait remarquer que son accent n'est pas excellent et qu'il aura du mal à s'imposer outre-Manche.
Qu'importe, Clo-clo est "branché Angleterre".
Impressionné par le "new old sound" du New Vaudeville Band, Claude enregistre leur tube Winchester Cathedral en français sous le titre J'travaille à l'usine.
Catastrophe !
Les paroles ne plaisent pas aux programmateurs qui rechignent à le diffuser. Qu'à cela ne tienne, Clo-clo réenregistre la chanson, cette fois sous son titre original, Winchester Cathedral.
Le 13 juin 1975, l’artiste échappe à la mort dans un accident d’hélicoptère. Choqué, il ressent confusément qu’un étau de malheur l’enserre… Clo-Clo traversait, depuis quelques temps, une période un peu sombre (contrôle fiscal, histoires d’amour, etc.). Pire encore l’attend…
Il retourne en Grande-Bretagne…
De passage à Londres, sans être personnellement visé, il est la victime dans l'hôtel Hilton d’un attentat perpétré par l’IRA (Armée irlandaise révolutionnaire clandestine). Une bombe a explosé dans le hall de l’hôtel. Il doit la vie à une touriste qui le protège de la déflagration d'une première bombe cachée sous une table.
Indemne mais la déflagration a failli le rendre sourd.
Les deux tympans, crevés, doivent être opérés en urgence ; l’oto-rhino place sur les tympans une légère membrane pour faciliter la cicatrisation.
La série noire continue dans la nuit du 25 au 26 juin 1977, lorsque, vers 1h du matin, des inconnus tirent sur sa voiture...
Une vengeance ?
Au volant de sa Mercedes, le chanteur appuie sur le champignon car il a hâte de rentrer chez lui. Dans un premier temps il ne s’est pas méfié de la voiture qui le suivait depuis son entrée sur l’autoroute du sud. Clo-Clo n’est pas seul dans son véhicule, mais personne ne remarque rien… tant que n’ont pas sifflé les premières balles. Tout le monde s’écrase sur le plancher de la Mercedes sauf Claude qui est bien obligé de continuer à conduire, même s’il fait de sa silhouette la cible idéale. Il pousse le compteur jusqu’à 150 km/h en zigzaguant pour éviter les balles… et parvient à échapper à son ou ses poursuivants.
L’enquête de la police
Au total on retrouve onze impacts sur le véhicule de l’Idole. Particulièrement celui qui a traversé le véhicule, explosant la lunette arrière pour finalement s’écraser dans le tableau de bord. C’est dire que la nuque du chanteur avait été dans sa trajectoire au centimètre près. Finalement la police retrouve facilement l’agresseur. Il s’agissait d’un maniaque psychopathe qui, à plusieurs reprises déjà, avait cherché à tuer en tirant complètement au hasard. Et c’était tombé, par malchance, sur l’interprète de « Je suis le mal aimé ». Sa légendaire soif d'action pousse le chanteur à lancer son propre journal, son fan club, son parfum, son agence de mannequins et sa maison de disques, Flèche.
Le Téléphone pleure et Magnolias for ever ramenèrent l'artiste en haut de l’affiche. Pour y rester, il partit enregistrer à Londres, aux studios d’Abbey Road, ceux-là même où travaillaient les Beatles. C’est là qu’il grava son ultime 45 T.
Un véritable empire qui s'effondre pour un fusible.
Entre Belles, belles, belles, son premier tube, et Alexandrie, Alexandra, il s’est tout juste écoulé quinze ans.
Quinze ans, et une carrière phénoménale !
Indiscutablement, Alexandrie, Alexandra aurait été un énorme succès, quoi qu’il arrive. Mais le décès tragique de Claude François a donné une autre dimension à ce titre, le destin ayant voulu qu'il soit son dernier disque.