« Une bête de scène », dit-on de lui. Une réputation qui est loin d'être usurpée comme en témoignent ses albums live : C'est assister à un véritable festival que de passer en revue tous les disques en concert de l'Idole des jeunes
Retour sur cinquante ans de chemises trempées de sueur...
Un flashback en plusieurs parties, dont la première relate les années soixante… mais débute en1959, du temps où Johnny se produisait en duo avec Philippe Duval Au Moulin Rouge, à Pigalle, ils jouent parfois devant 1 200 personnes, notamment les soirs de réveillon. Le détonateur, c’est “Paris-Cocktail”, le 30 décembre 1959. Ce soir-là Johnny rencontre des professionnels. Quatre mois plus tard sort son premier disque. Mais une fois connu, paradoxalement les concerts ont tendance à se raréfier !
La scène se méfie de Johnny...
Malgré cette rapide ascension au vedettariat, les responsables de salles de spectacle rechignent à engager le trublion qui a déchaîné les foules bien-pensantes à l’issue de ses prestations télévisuelles en se roulant par terre avec sa guitare ! Il ne faut pas voir en cela un refus systématique de l’artiste mais plutôt une réation de méfiance, voire de prudence, vis-à-vis du rock’n’roll, bien souvent fauteur de troubles dans les salles de spectacle. On a encore en mémoire ce soir de 1955 où l’Olympia fut dévasté par les admirateurs de Sidney Bechet. Puis ce fut au tour des fans de Monsieur 100 000 Volts (Gilbert Bécaud) de casser les fauteuils de la vénérable salle. Et pourtant, ce n’était que de la chanson de variété, certes un peu rythmée.
Il y a de quoi faire peur à plus d’un organisateur de concert !
Cette mauvaise réputation des rockers n’est, hélas, pas surfaite, à tel point que Johnny, en 1964, se verra obliger de se justifier dans Les Mauvais Garçons... “Les mauvais garçons, s’ils donnent des coups / Ne sont pas méchants, je vous l’avoue...”
Le 5 avril 1961 paraît le 33 tours 25cm en concert “Johnny Hallyday et ses fans au Festival de Rock’n’roll” est son titre. Ce disque est vraisemblablement le premier album live de rock du monde entier… mais ce live est un faux live. Il est enregistré en studio, en se contentant de rajouter des applaudissements.
De quel festival de rock’n’roll s’agit-il ?
Celui du 24 février, un festival dont Johnny fut la vedette au Palais des Sports de Paris (il y reviendra d’ailleurs en 1967, 1969, 1971 et 1976). Ce “festival” de 1961 avait démarré sous de mauvais auspices Johnny et Richard Anthony, les deux principales vedettes du moment, devaient se produire le même soir. Les médias s’étant emparés de l’évènement, on vint à parler d’affrontements entre les deux stars, et, pire, entre leurs admirateurs, qui risquaient bien de tout casser.
Leurs maisons de disques, prises de panique, préférèrent couper la poire en deux, et, le soir du concert de Johnny, Richard vint en simple spectateur. Mais son fan-club ne l’entendait pas de cette oreille, et propulsa Richard sur scène, contre son gré. Johnny, à cet instant, avait heureusement achevé sa prestation, et l’incident tourna court. 25 octobre au 12 novembre 1962...
“Johnny à l’Olympia”
L’album est publié le 2 novembre. Le public découvre principalement trois titres, moments forts du spectacle : « L’Idole des jeunes », paru en 45 tours quelques jours auparavant, « Elle est terrible » et « La Bagarre ». cet album connaît un succès ahurissant au point que deux ans plus tard sera publié un autre album de Johnny à l’Olympia.
Une salle mythique pour un chanteur déjà mythique
Du 15 février au 30 mars 1964, Johnny tient l’Olympia un mois et demi ! Toujours impeccable, il se produit chaque soir en smoking. Sauf... le dernier soir, où il surgit habillé d’un ensemble de jean. C’est une photo prise ce soir-là qui ornera, quatre mois plus tard, la pochette de l’album “Johnny, reviens !”. 1965… De retour de l’armée, Johnny va mal De l’inédit dans sa carrière, il entame une tournée qui est loin de déclencher des émeutes.
Au contraire !
A Aix, il se trouve face à trois rangs remplis, et d’une salle, ensuite, quasiment vide. Dans d’autres villes, en revanche, la situation tourne à l’émeute (Johnny sera interdit de séjour à Genève cinq années durant). Ajoutons des problèmes psychologiques (il est rentré de l’armée “vidé”, se sentant profondément déprimé), puis des problèmes de couple dûs à son comportement trop indépendant pour vivre à deux. Tout cela se terminera par une tentative de suicide ... Du 18 novembre au 25 décembre, pour la quatrième fois, Johnny investit l’Olympia de Bruno Coquatrix. Mais, peut-être en raison de sa relative chute de popularité, l’enregistrement ne sort pas en disque.
1967, une année faste
Le pire est passé. Johnny remonte la pente... Une triomphale tournée en Amérique du Sud conforte son statut de vedette internationale (bien que le marché anglo-saxon lui résiste toujours). L’Olympia lui permet de se produire avec Sylvie Vartan. Pourtant, malgré la présence de son épouse, il chante « Je suis seul », chanson qui fait le point sur les rumeurs de séparation qui courent sur leur compte.
Un album en concert sort le 16 novembre, “Johnny et ses fans au Palais des Sports”.
Sa maison de disque Philips a mis les bouchées doubles : l’album, enregistré le 14 (concert unique), est mis en vente sous 48 heures ! Un traitement express qui contraste avec celui infligé au prochain live... 26 avril - 4 mai 1969 Johnny se produit au Palais des Sports, mais l’album en concert qui correspond à l’évènement ne paraîtra qu’en novembre : la scène, en aluminium, a créée une forte électricité statique qui a rendu impossible le moindre enregistrement de qualité, et pendant des mois
Philips hésite à le commercialiser.
Entre-temps Johnny a publié son méga-tube « Que je t’aime ». L’album enregistré en concert, contrairement aux précédents albums “live”, ne sous-entend pas qu'il est en public, puisqu’il s’appelle “Que je t’aime”. Une manière comme une autre de capitaliser sur l’ahurissant succès de cette chanson qui est peut-être, de toute sa carrière, la plus célèbre. Les années soixante s’achèvent donc en beauté (à suivre en cliquant sur http://blog-des-auteurs-libres.over-blog.com/2014/08/les-concerts-legendaires-de-johnny-hallyday-2e-partie.html