La Bretagne -ainsi que toutes les autres régions de France, d'ailleurs !- a souvent été chantée. “Le Pirate de Saint-Malo”, par Suzy Solidor, est certes peu connu...(voir notre article :http://blog-des-auteurs-libres.over-blog.com/2014/08/les-meconnues-du-20e-siecle-suzy-solidor.html . Mais en revanche tout le monde a dans l'oreille “Les Parapluies de Cherbourg” ou certaines mélodies d'Alan Stivell ou de Jean-Michel Caradec. Mais la plus célèbre de toutes, c'est “La Paimpolaise”.
C'est Félix Mayol (dit l'Homme au brin de muguet) qui fit connaître la chanson à nos grand parents.
Félix Mayol est né à Toulon, en 1872.
Petit prodige à la voix d'or, Félix fait ses débuts sur les planches à treize ans, encouragé par ses parents. Malheureusement, Félix devient orphelin, et repris en mains par un tonton qui n'aime pas les saltimbanques.
Sa carrière est-elle brisée dans l'œuf ?
Non, car il lui arrive quelque chose d'unique : sous le pseudonyme de Petit Ludovic, il participe à un spectacle de magiciens ; un illusionniste l’hypnotise et lui fait chanter, en public, les airs à la mode. Ce sont ses débuts. Timides débuts car durant cinq ans il se produit sur toutes les scènes de province sans grand succès.
Il arrive à Paris le 1er mai 1895 (d'où son porte-bonheur, le brin de muguet à la boutonnière), et rencontre Théodore Botrel, qui lui est un véritable Breton de Dinan. Ouf, l'honneur de la Paimpolaise est sauf !
Leur rencontre est leur planche de salut, car, avouons-le, l'un sans l'autre n'aurait peut-être pas percé : Botrel avait tout d'abord signé des oeuvres mineures comme “Mes deux soeurs jumelles” et “Il est frisé mon p'tit frère”.
Respectant les coutumes, il se produit sur scène en costume breton.
Il n'hésite pas à confier sa chanson à Mayol, à condition qu'il la répète jusqu'à atteindre la perfection. Les deux hommes se retrouvèrent donc tous les jours pendant plusieurs semaines, avec un troisième compère, Paul Marinier, que l'on pourrait qualifier de « directeur artistique » avant l'heure. Botrel, quant à lui, s'apercevra d'une petite imperfection, et modifiera son texte avant l'enregistrement définitif : il avait en effet écrit la peau de la Paimpolaise... qui pouvait prêter à confusion avec peau de lapin ; alors il change trois mots, qui deviennent la coiffe de la Paimpolaise. Mayol, quant à lui, soigne sa propre coiffe, puisqu'il porte un serre-tête. Et lorsqu'il l'enlève, on découvre ce qui sera son image de marque, un toupet (comme Tintin). Tout comme Antoine soixante-dix ans plus tard avec les cheveux longs, Mayol lance une mode : les autres chanteurs le copient, et les coiffeurs se voient réclamer le toupet par des messieurs très chic. Mayol superstar se voit proposer les meilleures chansons du moment, parfois dans la même veine, comme cette chanson intitulée “La petite Bretonne”. Et il aura même un succès encore plus énorme que “La Paimpolaise”... C'est “Viens Poupoule”.
