L'actrice, dont on ignore pratiquement rien de la carrière cinématographique, fit une brève incursion dans le monde de la comédie musicale pop-rock
Il n’est nul besoin de présenter la plantureuse actrice née en 1893 et décédée en 1980 : son nom fut donné par les aviateurs américains de la Seconde Guerre mondiale à leurs gilets de sauvetage, eu égard à sa généreuse poitrine. Truculente, forte en gueule et débordante d'humour paillard, elle pouvait tenir tête à des "calibres" comme Groucho Marx. C'est tout dire !
On sait tout d'elle... ou presque.
Nombreux de ses fans ignorent qu'elle a, un moment, flirté avec le rock et la comédie musicale.
Des vinyls aujourd'hui fort recherchés
En 1966, elle enregistra un album furieusement rock, « Way out West », comprenant « Twist and shout », « Day tripper », « Shakin’ all over », « Boom boom », « Treat him right”, etc. En 1972 elle réitéra avec “Great Balls of fire”, qui reprend, outre le célèbre titre de Jerry Lee Lewis, quelques classiques pop ou rock (“Light my fire », « Whole lotta shakin’ goin’ on », « Rock around the clock », etc.). Cette double expérience l'ayant amusée, elle accepta quelques années plus tard de tourner dans une comédie musicale rock à l'initiative de deux batteurs anglais célèbres : Ringo starr (celui des Beatles) et Keith moon (celui des Who). Le titre de la comédie musicale, en lui-même, était déjà tout un poème...
Sextette
Les joyeux drilles qu’étaient Keith Moon, Ringo Starr et Alice Cooper avaient finalisé leur projet de comédie musicale, « Sextette », tous trois acteurs dans le film avec Tony Curtis et Mae West, alors âgée de 83 ans. Complet décalage avec ce qu’il se passait en Grande-Bretagne où des centaines de groupes punk prenaient le show biz d’assaut et par surprise : eux, ils avaient, pour les plus vieux, à tout casser 18 ans. C'est du moins ce qu'on disait, car ce n’est pas tout à fait vrai : Johnny Rotten avait 20 ans, Joe Strummer (Clash), 24 ans, Sting (Police), 25 ans et Hugh Cornwell (Stranglers), 27 ans.
Un scenario loufoque
« Sextette » conte l’histoire d’une vieille actrice, ex-sex symbol, qui se marie pour la septième fois. Pendant la nuit de noce, ses six maris précédents viennent lui rendre visite dans le but évident d’empêcher le mariage d’être consommé. Le film aurait pu être drôle trente ans plus tôt, lorsque Mae était quinquagénaire. Mais à 83 ans… avec ses trous de mémoire qui l’obligèrent à porter une oreillette sous sa perruque pour être en contact permanent avec le souffleur. Plutôt que de gaudriole, c’est de nécrophilie qu’il faut parler.
La critique se montra impitoyable et le film sombra
Pourtant, Keith Moon y avait cru. Lui qui n’était pas encore un acteur reconnu, il s’agissait peut-être de la chance de sa vie : partager l’affiche avec des noms prestigieux comme ceux de Tony Curtis et Mae West (et, moins connus chez nous, George Raft et Dom DeLuise). Son rôle de couturier homosexuel calqué sur Christian Dior était, paraît-il, très drôle et très bien interprété. Cela pouvait-il suffire à sauver les autres 85 minutes du film ? Certainement pas.
Ringo Starr avait été plus lucide que Keith Moon
Dès le premier jour de tournage, il avait senti venir la catastrophe et avait voulu se retirer sur la pointe des pieds. Quant à Alice Cooper, il reconnut que c’était « le genre de film qu’il n’aurait jamais fallu tourner ». Malgré cela, Keith Moon, lui, était resté motivé et enthousiaste. Tourner avec Mae West fut pour lui une expérience très intense. Même dans le plus petit rôle, il s’investissait à fond, comme si sa vie en dépendait.