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Le blog des auteurs libres

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Pop rock music, chanson française, biographies express de personnages hors du commun, faits de société


Il y a cent ans... Gaby Deslys

Publié par Daniel LESUEUR sur 15 Septembre 2018, 06:27am

Catégories : #Femmes dans l'histoire, #CINEMA, #musique

Le livre Stars Et Starlettes Du Noir Et Blanc  (cliquer ICI) revient sur la carrière de Gaby DESLYS

En 1918, les modistes proposent des robes très échancrées dans le dos, en V comme Victoire.

Dans leur ensemble, les femmes supportent mal le corset, attendent de la mode qu'elle raccourcisse la jupe et mette leurs charmes en valeur, à la grande réprobation des moralistes... et des médecins qui nomment les délicieux décolletés en U des "chemisiers à pneumonie", maladie dont meurt en 1920 Gabrielle Elise Léonie Caire dite Gaby Deslys.

Elle est née à Marseille en 1881 et fait ses débuts en 1898. Elle se partage entre Londres et Paris avant de découvrir le Nouveau Monde et en rapporter en 1917 le principe de la revue de music-hall.

"L'ai-je bien descendu ?"...

Gaby est la première en France à descendre un escalier parée de bijoux et de plumes d'autruche. Blonde à rêver, c'est la cocotte fofolle par excellence, au point que Cocteau la surnomma la Catastrophe apprivoisée ! D'une grande beauté et d'une très grande élégance, elle fait des ravages dans les cœurs, jusqu'à celui de Manoel II, roi du Portugal. Une liaison trop tapageuse pour que le protocole ferme les yeux; Le mariage s'impose ! La mode est alors aux duos (Mistinguett et Max Dearly, Mistinguett et Chevalier) ; Gaby se produit avec l'Américain Harry Pilcer avec qui elle tourne, entre 1915 et 1920, une poignée de films muets, notamment "Bouclette" sur un scénario de Marcel L'Herbier.

Elle meurt en 1920, à moins de quarante ans, victime de son décolleté provocant. Mais elle meurt en pleine gloire et immensément riche, propriétaire de nombreux appartements et hôtels particuliers… au point qu'un sosie hongrois, Edwige Navratil, plaidera vainement une mystérieuse substitution d'identité pour revendiquer sa fortune.

Son décès fut accueillie de diverses manières par les médias :

- Le monde des théâtres a appris avec émotion la maladie de Gaby Deslys. Souffrante depuis quelques jours, elle dût être transportée dans une maison de santé de Montrouge, où atteinte de pneumonie purulente, elle vient, en trois jours, de subir deux opérations. L'état de santé de la jolie danseuse fut un moment des plus inquiétants mais les médecins la considèrent maintenant comme hors de danger (Ciné pour tous du 27 décembre 1919).

Cinéclub montre moins d'empressement puisqu'il n'informe ses lecteurs que dans son n°6 du 20 février 1920 :

- La mort de la divette a été tout aussi remarquable que sa vie, pour ceux qui suivent les événements avec l’œil pensif du philosophe, ne s'arrêtant pas à la surface des faits. Cette femme, qu'on dit avoir été, malgré tout, d'un caractère bon et sympathique, reflète bien le temps où nous vivons, représente bien la lutte tenace, la réclame savante et incessante, le positivisme solide de ceux qui veulent réussir malgré tout. Elle a réussi ; les jouissances, les millions se suivaient pour elle comme les perles de ses colliers fameux. Nous avons dit que Gaby Deslys était « bonne fille, bonne camarade ».

Visiblement l'hebdomadaire de Louis Delluc ne la portait pas dans son cœur car dans son numéro suivant, il assassine la morte :

- Gaby Deslys surgit à l'écran. De quels siècles enfuis ? De vrai, elle était d'avant le cinéma. Du Page lascif en culottes roses qui dansait aux Capucines jusqu'à la fleur à panaches (retour d'Amériques) qui trépignait féériquement sur le plateau du Casino de Paris, rit et frissonne un quart de siècle heureux qui a mal fini. Paix sur lui ! Il a fini — et c'est fini. Elle a fini aussi, la fleur voluptueuse, tournoyante, dorée. La jolie marseillaise qui s'était si brillamment yankissée a tâté du ciné avant de disparaître. Mais qu'avait-elle à faire au ciné ? Tout, certes. On ne le savait pas, elle ne le savait pas, et toute vocation est en soi une fatalité. Elle n'était pas vouée à cela, et c'est pourquoi on ne s'est pas servi d'elle. Bouclette et le Dieu du hasard sont de charmants films. C'est à peine si elle y est charmante. Nous faisons grief de sa médiocrité à ses metteurs en scène. Eux se plaignaient de son incompréhension. Et elle ne s'amusait pas. Tout le monde a raison. Ne regrettons pas vainement que cette luxueuse séductrice n'ait pas eu en cinégraphie l'éclat mondial que méritait son sourire à fossettes, sa bouche avide, ses yeux « vécus », — la plus jolie femme de France ? Ses images de l'écran s'effaceront peut-être moins vite que les souvenirs de milliers de poilus — permissionnaires qui cueillaient la silhouette de Gaby entre le jazz-band fulminant de Murray Pilcer et la lourde ivresse moutonnière des promenoirs.

 

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