Les événements de l'été 1964

Un fait divers monstrueux fait trembler les Français, Jacques Anquetil remporte son 5e Tour de France, et on annonce la fin du monde... mais on se distrait quand même !

Régulièrement, au journal télévisé et à la une des quotidiens, on annonce très sérieusement la fin du monde. Invariablement, on nous martèle que les prétendants à la survie doivent s'installer au sommet d'une montagne dans l'attente du cataclysme final. Est-ce la raison pour laquelle « Viens sur la montagne », par Marie Laforêt, marche encore plus fort que son tube précédent, « Les vendanges de l'amour » ?

L’Etrangleur

Le 26 juin, un infirmier de l'hôpital psy de Villejuif se rend à la police pour déclarer la disparition de son véhicule. Simple routine, pour le commissariat des Invalides. Or, l'homme en question - un certain Lucien Léger - revient la semaine suivante pour indiquer qu'il a retrouvé sa voiture tachée de sang. De sang humain, précise-t-il : en tant qu'infirmier, il a pu l'analyser avec certitude. Les policiers s'intéressent de plus près à Léger qui, visiblement, souffre de troubles comportementaux. Pour éclaircir le doute, la police perquisitionne sa chambre d'hôtel, perquisition qui mène à l'arrestation du déséquilibré.

On apprendra bientôt qu’il est l’Etrangleur d’un petit garçon... et qu’il en est fier. En 2005, après quarante et un an d'emprisonnement, Lucien Léger était le plus ancien détenu de France. Après treize demandes infructueuses de remise en liberté, il s'adresse à la Cour européenne de La Haye pour réclamer réparation de ce qu'il considère comme une détention injustifiée. Sa libération n'a pas enchanté grand monde.

Des groupes anglais font leur apparition

Ils sont très haut dans les hit-parades. Il s'agit d'abord des Kinks avec « You Really Got Me ». Les Hollies entament eux aussi leur conquête des classements populaires, mais, dans l'Hexagone, nous ne les découvrirons véritablement qu'en 1966 (« Bus Stop »). Moins discrets, les Pretty Things auront du mal à s'imposer (« Midnight To Six, Man », « Rosalyn » qui sera repris par David Bowie, etc.). Les Honeycombs, enfin, nous honorent de l'excellent « Have I The Right » (n°1 en Angleterre, n°5 aux Etats-Unis) repris en français par Danyel Gérard (« J'ai le droit de t'aimer »). Les Honeycombs sont apparemment le seul groupe à disposer d'un batteur de sexe féminin… donc d'une batteuse. Le disque est produit par Joe Meek, qui les a fait souffrir pendant l'enregistrement.

Eté 64 : Marianne contre Clo-Clo

Nous découvrons simultanément « Oublie de pleurer » par Marianne Mille et « Chaque jour c'est la même chose » par Claude François. Il s'agit de la même chanson, « Everyday I Have To Cry (some) » de Arthur Alexander. Une chanson qui n'est pas près de disparaître, puisque le groupe Mardi-Gras la portera au hit-parade en 1972, tandis qu'Eddy Mitchell demandera à Boris Bergman d'écrire (encore !) de nouvelles paroles françaises : « Tu peux préparer le café noir ». Johnny Hallyday enregistre « Suzie Q » C’est le seul hit de Dale Hawkins, mais quel hit ! Son homonyme Ronnie Hawkins, ainsi que des dizaines d’artistes rock puis pop ont interprété « Suzie Q » : les Everly Brothers, Carl Perkins, Gene Vincent, les Astronauts, les Rolling Stones, José Feliciano, Bobby McFerrin, sans oublier la longue et passionnante interprétation de Creedence Clearwater Revival.

Johnny a également enregistré « On a ses jours"

C’est l’adaptation de « She’s A Woman » des Beatles. L'idole, une fois de plus, prouve qu’il est “dans le coup” : après avoir triomphé grâce au rock’n’roll, au twist, au madison, depuis quelques mois, il nage comme un poisson dans l’eau dans ce qu’on appelle le « british beat », courant musical le plus important de la période 1963-1966 lancé par les Beatles… dont on parle énormément.

Les coiffeurs américains et britanniques proposent la « coupe Beatles » à leurs jeunes clients qui commençaient à déserter les lieux. On assistera ensuite à un monstrueux commerce de perruques Beatles… Quelques mois plus tard, dans un grand hebdomadaire musical britannique, on proposera des « lèvres Mick Jagger ». Gag? En 1964, les Américains ont acheté pour 50 millions de dollars de produits Beatles. Juin 1964, une date pour un inconnu Pour un certain Jimmy Nicol, batteur inconnu, courte période de gloire : il remplace, au sein des Beatles, Ringo Starr, obligé de se faire opérer des amygdales durant la tournée australienne.