Il y a un demi-siècle, on ne parlait pas de crise. Sans Internet et avec une seule chaîne de télé, l'époque était à la frivolité.
Lorsqu’on se penche sur les évènements du passé, une conclusion s’impose : on se souvient des bons moments, on oublie les pires. Heureusement, il y avait le foot et le Tour de France, à une époque où on ne parlait pas encore trop de dopage (ça commencera à devenir grave en 1967).
17 juin 1962
Coupe du monde de football. Grâce au roi Pelé, le Brésil reste champion. Ca commence à devenir lassant…
Pour la troisième fois consécutive, Jacques Anquetil remporte le Tour de France. Mais derrière lui, ça pousse fort. On ne va pas tarder à entendre parler de Raymond Poulidor, éternel second.
Découvrirons-nous son visage à la télé en 1962 ?
Rien n'est moins sûr, car à la fin du printemps, les Français apprenaient, catastrophés, que, cette année, le Tour de France ne serait pas diffusé à la télévision.
C'est la conséquence du bras de fer, de la guerre ouverte, que se livrent la presse régionale et le petit écran.
Plusieurs équipes cyclistes sont patronnées par des marques publicitaires
Les responsables sportifs de la chaîne télé marchaient sur des œufs, risquant d'être soupçonnés de publicité clandestine. Inquiétude de courte durée : le ministère de l'Information a pris la décision d'interdire purement et simplement la retransmission afin de préserver les intérêts financiers de la presse locale.
Les journaux régionaux auraient, à coup sûr, perdu des marchés si les sponsors avaient pu compter sur la publicité gratuite du petit écran.
Les téléspectateurs sont bougons
Pourquoi continuer à payer une redevance si, à plus ou moins longue échéance, ils ne peuvent plus assister en direct à ces manifestations sportives de plus en plus aidées financièrement par la publicité?
Privé de Tour, Guy Lux, opportuniste, trouve une parade
Il adapte, pour la télévision française, une émission cocardière qui recueille un vif succès en Italie : « Campanile sera », soit, plus ou moins littéralement, « L'esprit de clocher ». Son titre, «Intervilles», indique clairement le principe de cette nouvelle émission : divertir la France profonde en opposant deux villes au travers d'épreuves sportives à caractère ludique et humoristique. La séquence la plus drôle reste celle où le malheureux Zitrone se fait frapper par des supporters mécontents. Ses lunettes brisées, Zitrone se retrouve dans l'impossibilité de commenter les épreuves qui se déroulent devant lui.
Intervilles connaîtra bien d'autres avatars : l'émission sera interdite (pardon, suspendue !) en 1972 pour cause de publicité clandestine. L'émission revient en 1973, mais, cette fois, en différé.
Peur d'un dérapage en direct ?
Officiellement, la raison est technique : désormais diffusé en couleurs, Intervilles nécessite un plus grand apport en lumière. En conséquence, les jeux sont filmés en lumière naturelle, en plein jour. Car le soir, l'éclairage simultané de deux cités constituerait une dépense pharaonique pour la chaîne.