Les débuts de Françoise Hardy (2)

Publié le par Daniel LESUEUR

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Une petite annonce de France-Soir, une audition ratée pour Pathé-Marconi, des cours de chant chez Mireille, la jeune fille devient une star presque du jour au lendemain.

Il serait exagéré de parler de miracle car durant un an la jeune Parisienne a travaillé dur. Restait ensuite à avoir un peu de chance...

Petite fille modèle...

Au piano, elle fait des gammes puis, dans sa chambre, file écouter les roucoulades de Tino Rossi, Luis Mariano, André Dassary et Georges Guétary. Mais bien visionnaire celui qui aurait pu prédire à Françoise un destin d'artiste : elle s'inscrit à des cours de grec, simplement pour être dispensée de ceux de chant qui lui font peur. Son rêve est plutôt de devenir animatrice ou programmatrice de radio.

Le sort en décide autrement

Pour avoir brillamment passé son bac, elle se voit offrir une guitare. Au même moment, Françoise devient fidèle auditrice de la branche britannique de Radio Luxembourg, qui, à l'époque, diffuse chaque soir de la pop music. Elle devient dingue de Cliff Richard, Paul Anka et autres Everly Brothers.

C'est dans cet esprit pop sucrée qu'elle compose ses premières mélodies, couche ses premiers textes sur le papier. Mais loin d'elle l'idée d'abandonner ses études au profit d'une carrière de saltimbanque.

Sa mère, lectrice acharnée des petites annonces de France-Soir, l'informe d'un casting d'auditions organisé par une grande firme discographique. Françoise se rend chez Pathé-Marconi On l'écoutera pendant un quart d'heure : "Je savais que je n'avais aucune chance, mais il fallait que j'essaie, que j'en aie la confirmation" (Platine n°10).

Comme elle s'y attendait, la firme ne donne pas suite, considérant qu'elle évoque beaucoup trop Marie-José Neuville, surnommée “la collégienne de la chanson”.

La première concernée, quant à elle, apprécie modérément le résultat ("Je n'aime pas ma voix, je n'aime pas ce qu'elle trahit de mes limites physiques" confiera-t-elle à Télérama n°2417 du 8 mai 1996). Mais au moins pourra-t-elle se faire son propre jugement sur ses capacités vocales en réécoutant l'enregistrement.

Françoise réalise soudain qu'il faut savoir chanter en mesure, ce qui, pour elle, n'est pas encore un automatisme. Pourtant, "j'avoue que quand je me suis écoutée, c'était moins pire que ce que je redoutais" (Télérama n°1999).

Françoise entreprend la tournée des maisons de disques concurrentes

Philips, en premier lieu. Mais là, pas d'audition à espérer : la politique de la maison consiste à envoyer l'aspirant vedette prendre des cours de chant avant de daigner l'écouter. Trop pauvre pour supporter une telle charge, il ne lui reste plus qu'à passer à la compagnie suivante. Pourquoi pas Vogue, où, paraît-il, l'on cherche un pendant féminin à Johnny Hallyday ? Elle trouve ses premiers disques épouvantables et considère qu'elle ne peut pas être pire que lui.

Chez Vogue, Jacques Wolfsohn, le manager de Johnny, lui demande d'interpréter, justement, deux titres tirés du répertoire de l'Idole : "Oui mon cher" et "24000" baisers. Elle est accompagnée à l'accordéon par Aimable, qui se montre à la hauteur de son pseudonyme. Le résultat, hélas, n'est pas véritablement concluant La vedette en herbe s'entend une nouvelle fois conseiller de prendre des cours de chant.

Elle va donc apprendre deux chansons, dont "Je t'aime trop trop" tiré du répertoire d'Elvis Presley (I Gotta Know) via les Chaussettes Noires, et s’inscrire au Petit Conservatoire de la Chanson de Mireille. Ces efforts portent leurs fruits : le 14 novembre 1961, elle signe un contrat d'exclusivité avec Vogue.

Trois mois plus tard, Françoise est convoquée : Wolfsohn, qui se souvient que Françoise possède le même timbre de voix que Petula Clark, cherche quelqu'un pour enregistrer "Oh oh chéri", que vient de refuser la chanteuse britannique. Normal, le titre est déjà ancien, et n'a pas marché outre-Atlantique. Petula, qui vient d'être élue chanteuse n°1 par les lecteurs de "Radio-Magazine", est en position de réclamer mieux que ce "Uh, oh" que le chanteur de rockabilly Bobby Lee Trammel a écrit en 1958 dans l'anonymat le plus complet.

Françoise dit banco !

Elle va répéter quelques titres et, le 25 avril 1962, en trois heures, avec quatre musiciens, enregistre quatre chansons, dont le tube potentiel "Oh oh chéri" qui, comme il se doit, figure en première ligne sur la pochette du disque qui sort en juin. Or c'est un autre qui charme quelques programmateurs de radio : "J'suis d'accord". A peine celui-ci commençait-il à s'essouffler que les programmateurs commencent à diffuser "Tous les garçons et les filles" (paroles et musique de Françoise), autre titre du même 45 tours, qui redonne ainsi une nouvelle jeunesse à la galette de vinyle.

La carrière de Françoise décolle grâce à un passage à la télévision

C'est le jour des résultats du référendum, en novembre 1962. Il n'y a, à l'époque, qu'une seule chaîne. Entre deux annonces de résultats du dépouillement des urnes, les Français sont obligés de tomber sur mademoiselle Hardy. Son physique agréable et discret n'est pas dérangeant, il plaît aux adultes qui, dès lors, ne refuseront pas à leurs enfants l'argent de poche nécessaire à l'acquisition d'un nouveau disque.

Hormis cette explication, le succès de "Tous les garçons..." est presque incompréhensible, car le titre est trop long pour un formatage radio (il dépasse les trois minutes). Et puis la chanson semble trop simple : Françoise n'a cesse de répéter qu'elle ne connaît que trois accords de guitare (on appelle ça un "anatole"), que son thème est pompé sur celui de "Lonely Boy" de Paul Anka. Quant aux paroles, elles lui sont directement inspirées par son expérience personnelle. Les auteurs font fréquemment appel à leurs états d'âme pour bâtir leur œuvre. Françoise plus que quiconque. "Tous les garçons...", chanson composée sans douleur, toute en spontanéité, deviendra l'hymne de toute une génération. Quel autre artiste français peut s'enorgueillir d'avoir publié dès son premier disque le plus grand succès de toute sa carrière ?

Les débuts de Françoise Hardy (2)

Publié dans musique, PEOPLE

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