Le livre
En 1965, après qu'ils aient vu débarquer Antoine sur leurs écrans de télé, les Français furent partagés en deux camps.
Pour ou contre Antoine, pour ou contre les cheveux longs ?
Antoine ne faisait qu'adapter à la française un mouvement à la mode aux Etats-Unis, celui des beatnicks et de la contestation. En tête de cortège d'un courant musical appelé protest song, Bob Dylan.
Plus qu'un état d'esprit, plus qu'une révolution culturelle sous-jacente, on a retenu de l'époque la longueur des cheveux.
Les parents étaient horripilés.
Le terme est adéquat : il vient du latin horrere, se hérisser, et pilus, poil !
Dans ses mauvais jours, le beauf' de base, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, désigne le chevelu de tapette, de tantouze ou de pédé ; le reste du temps, il se contente du terme de gonzesse. Cette réaction épidermique de leurs aînés donne de l'inspiration à de nombreux chanteurs.
Johnny Hallyday, un peu réac', entonne "Cheveux longs et idées courtes". Dans le camp adverse, Benjamin avec "Moi j'ai les cheveux long"s, Stone avec" Fille ou garçon", les Barbarians avec "Are You A Boy Or Are You A Girl". Au sujet des Barbarians, ce groupe américain de 1966 fort peu connu en France est sans doute la seule formation de toute l'histoire du rock dont le batteur, nommé Moulty, jouait avec un crochet. Il avait eu la main arrachée dans un accident.
Le mouvement beatnik s'est rapidement transformé, mais la mode a continué à venir des Etats-Unis. Les cheveux se sont encore allongés, la nouvelle mode est devenue hippie. On se doit alors de porter des vêtements multicolores, des fleurs dans les cheveux et même des petites clochettes.
La musique, sous l'influence de drogues dures et douces, devient psychédélique.
Les sujets d'inspiration deviennent multiples, les noms des groupes franchement tarabiscotés : les Flowerpotmen (littéralement, les Hommes-pots-de-fleurs !), les Strawberry Alarm Clock (le Réveil-matin en fraise), le "Mort reconnaissant" de Grateful Dead. En France, sans grand succès, est monté le groupe des Fleurs de Pavot. Bientôt, on découvrira un énergumène qui joue de la guitare avec ses dents, et qui y met le feu à la fin du spectacle (à la guitare, pas aux dents !) : Jimi Hendrix.