Au moment où je remets cet article à jour, le mot à la mode c'est "décryptage". C'est "PLUS MIEUX" que "explication", hein, bande de crétins !
Politique
Macron ou Marine fait son show à la télé. Qui aura le courage -pas moi !-, pendant 24 heures, de zapper sur tous les media, radio, télé, presse écrite, et recensera le nombre de fois où sera employée la formule misérable de "grand oral" ? Mais, ne nous plaignons pas, il y a dix ans, du côté du PS? nous aurions eu " il faut sauver le soldat Hamon". J'imagine que la plupart des journalistes de 2017 sont très mal payés ; du moins je le souhaite et l'espère car, pour être aussi mauvais...!
Les ministres n'ont pas reçu de consignes, de programme (terme vieillot, désuet, obsolète), ils ont reçu une feuille de route. On peut penser que c'est la même chose mais ça sonne mieux. Et quand ils cherchent, autour d'eux, des appuis parmi les hommes politiques, les plus en vue sont "les ténors du parti" ; les has been sont "les éléphants du parti" (on trouvera parfois la formule "caciques du parti" lorsque le journaliste est allé à l'école un peu plus loin que ses confrères niveau BEPC).
L'état des routes
Depuis cinquante ans, il n'y a plus, en France, d'embouteillages. En revanche "Bison futé voit rouge". France Info, qui ne recule devant rien, annonce "du rouge sur les routes" (9 juillet à 13h). Le sang des accidentés ?
France Info, toujours, me dit : "Vous êtes nombreux sur l'A6". Non, moi je ne suis pas sur l'A6...
Et n'oublions pas les vacanciers et leur inévitable "chassé-croisé" (Larousse : Un des mouvements des anciens quadrilles / Situation de deux personnes qui se cherchent sans se rencontrer).
Et gare à ceux qui prendront leur voiture malgré "l'alerte rouge" de Météo France : coincés sur l'autoroute par les chutes de grêle, ils deviendront des "naufragés" (Larousse : perte totale ou partielle d'un navire).
Mais, bonne nouvelle : toujours sur France Info, il n'y a plus de bulletins météo. Non, en revanche on "regarde la couleur du ciel". Bizarre, quand même... regarder la radio !
Oui à la liberté d’expression… mais avec une réserve
Pour s’exprimer, encore faut-il savoir le faire. La multiplication des médias (télévisions, radios, Internet, presse gratuite) permet à tout le monde d’avoir un avis sur tout. Notre président et nos ministres dialoguent avec des "panels" représentatifs. Représentatifs, certes… mais pas des défenseurs de la langue française ! Un journaliste fit remarquer que Nicolas Sarkozy fut le premier Président de la République française à prononcer des gros mots en public.
Tic de langage ou mode ?
L’avantage d’une mode est d’être éphémère. C’est toujours ça de gagné ! Un exemple : en 1985, un bateau de Greenpeace, le Rainbow Warrior, était coulé dans le port d’Auckland par des agents secrets français, les pseudo-époux Turenge. "Pseudo", car il ne s’agissait pas de leur véritable identité : la DGSE leur avait fourni des passeports falsifiés, mais authentifiés par l’Etat. Un journaliste (mal inspiré !) parla de "vrais-faux passeports". Quel mal n’avait-il pas fait ? Durant trois ou quatre ans, tous les scribouillards de l’Hexagone employèrent le terme de "vrai-faux" à tout bout de champ. Insupportable ! Et puis un jour, ouf, la formule disparut.
En voie d’extinction : « Tout à fait »
C’était il y a une douzaine d’années… Radio Monte-Carlo et Europe 1 (entre autres) donnèrent intensivement la parole à leurs auditeurs. Les premiers à "causer dans le poste", sans doute pris d’un terrible complexe d’infériorité face à leurs interlocuteurs, journalistes et politiques, tentèrent d’enrichir leur vocabulaire. "Oui" leur semblant trop banal et trop faible, ils s’emparèrent de "Tout à fait". Tache d’huile ! Durant quelques années, nous dûmes ingurgiter de navrants échanges radiophoniques :
- Alors, Georges, dites-nous tout… Vous nous appelez de Paris ?
- Tout à fait.
Cela reste intéressant : peut-être n’est-on parfois pas "tout à fait" à Paris, les jambes faisant le grand écart, un pied sur un trottoir parisien, l’autre pied sur un trottoir de Neuilly. Le cas, cependant, est rare.
Très à la mode : la grogne
La grogne des médecins qui veulent voir passer la consultation à 24 euros, par exemple. Ou la grogne des supporters du PSG qu’on tente de priver de bagarre. On oublie que la grogne est, à l’origine, le cri du cochon (Larousse). Bon, dans le cas d’un supporter de football, ça passe. Moins pour un médecin généraliste. Mais la grogne la plus significative est celle des usagers de la SNCF qui sont… pris en otages. Mais bientôt arrive la "fin du cauchemar" pour ceux qui étaient "dans la galère" (ancien navire de guerre ou de commerce qui se manoeuvrait à la voile ou à la rame. Comme un 4x4, donc).
Des usagers pris en otages
Grève à la Poste ? Grève des transports ? Beaucoup de travail à venir pour les menuisiers et autres métiers de la bricole grâce aux innombrables avions "cloués" au sol. Les usagers sont pris en otages : des équipes (sans doute du Raid ou du GIGN), masquées et cagoulées, font intrusion chez nos concitoyens, et, posant un revolver sur la tempe de l’usager, lui intiment un ordre sec : "Non, aujourd’hui, tu n’écriras pas" ou bien "Non, aujourd’hui tu ne prendras pas le métro". Au Chili, du temps de Pinochet, peut-être… mais en France au 21e siècle, est-ce bien raisonnable ? Le Larousse est intraitable : prendre en otage signifie prendre dans sa maison quelqu’un comme garantie d’une convention.
Tout nouveau, tout beau…
Ca vient de sortir et c’est actuellement très prisé par nos ministres : "envoyer un signal fort à la population". Promettre de nettoyer les cités au karsher est un signal fort envoyé aux populations des dites cités. Si rien ne suit dans les faits et que les trafics de drogue continuent de plus belle... un détail, l’important est de manifester une intention en "envoyant un signal fort à la population"... ne serait-ce que pour "STIGMATISER" et "INSTRUMENTALISER" !
Début juin 2010, on parla beaucoup de la position du Parti socialiste : "oui au non-cumul des mandats" était la formule consacrée. "OUI AU NON"..."Non au cumul des mandats" n'était-il pas plus correct ?
Ecoutez…
Les questions des journalistes commencent très souvent par "Dites-nous rapidement…" (il n’y a guère qu’au président de la République qu’on n’ose parler ainsi). "Ecoutez" souligne un embarras… mais permet de s’en sortir en gagnant du temps. "Ecoutez" est, hélas, à double sens… La réponse de l'intervenant commence invariablement par "Ecoutez..." car il est conscient du peu d'attention que lui portent l'animateur et l'auditeur ; ce qui n'a guère de conséquence puisque, de toute façon, il sera interrompu avant d'avoir exprimé totalement son opinion. "Ecoutez..." permet :
- de gagner du temps de réflexion pour répondre à une question embarrassante;
- de détourner le sujet si l'interviewé est plus aguerri ou a été mieux coaché que l'interviewer.
Florilège : "Retour aux fondamentaux" !
Pour "gérer la crise"... "en amont", le gouvernement "tire la sonnette d'alarme" : il "revoit sa copie" et "débloque une enveloppe". C'est vrai que des enveloppes, on en a entendu beaucoup parler avec l'affaire Woerth-Bettencourt.
Pour en parler, il ne faudra plus une "table ronde" (démodée) mais un "Grenelle". Ce petit survol est, évidemment, incomplet. Comment évolueront les médias au cours des mois à venir ? La "cerise sur le gâteau" a fait son temps (2008-2010). En revanche, un pronostic : le "devoir de mémoire" grimpe très vite au hit-parade des formules bientôt éculées.