Le crépuscule des dieux nordiques
De la genèse à la tétralogie de Wagner, des légendes et des mythes qui cohabitent avec celles des celtes.
Qui sont les germains cousins de nos ancêtres?
Originaires d’un territoire bordé par le Rhin, le Danube, la Vistule et les îles Baltiques, ils sont issus de la grande famille indo-européenne.
On parle généralement, les Teutons, Goths, Francs Lombards, Cimbres pour situer des tribus guerrières essentiellement liés par une langue "idiomatique"* dont il nous reste peu de choses.
Tacite (55 -120) distingue trois groupes de tribus :
Les Ingévons, les Hermions et les Istévons, qui vénèrent des dieux différents. Tous ont des yeux gris bleus, une chevelure rousse et sont de redoutables combattants.
Vivant d’élevage et d’agriculture ils ne sont pas nomades mais se déplacent souvent à la recherche de terres fertiles, parcourant l’Europe de la Bohême au sud de la Pologne en utilisant au combat un équipement similaire à celui des celtes (chars, casques, boucliers et épées).
Fin du IIe siècle ils entrent en Gaule Cisalpine ou les romains lient avec eux des relations cordiales les recrutant souvent dans la légion.
Des Goths venus de la Baltique s’installent en Ukraine pendant que d’autres gagnent la Scandinavie avant d’envahir la Bretagne celtique, ou l’influence romaine est peu active.
Au Ve siècle les migrations vont les installer en Gaule, en Italie et en Espagne, des régions ou ils s’intègrent en constituant des groupes autonomes et distincts des locaux.
Pour Grégoire de Tours ( 539 - 594 ) le "barbare ne connait pas dieu, il rend un culte et offre des sacrifices à la foret, à l’eau et aux animaux et comme les celtes il accorde une importance capitale aux éléments".
"Les variations de la couleur d’un fleuve reflètent l’ humeur des esprits qui l’habitent".
Plus tard la christianisation parviendra à éradiquer les rites anciens, néanmoins les fêtes chrétiennes correspondent toujours aux anciennes, comme Noël est l’équivalent de la célébration du solstice d’hiver et le culte d’Ostera, devenu Pâques.
http://www.lesfilsdodin.com/grimoir/heritage.htm
Les dieux antiques
Mallarmé (1842-1898) reconnait à la mythologie septentrionale un caractère "sombre et grave" dans son chapitre "Les mythes norses".
Pierre Brunel quand à lui, écrit très justement :
" Au pays des Gaulois on ne peut que se sentir celte … au pays des Normands on ne peut ignorer l’importance des Vikings … Tristan, Iseult, Merlin et le roi Arthur font partie de notre être au même titre que Sigurd - Siegfried et Brunehilde.
Les dieux nordiques
Au Xe siècle la tradition orale sera heureusement sauvegardée, comme ce fut le cas pour les légendes celtiques retranscrites par les moines irlandais.
Grace aux "Edda", des recueils souvent anonymes, nous retrouvons les pratiques, les rites et la mythologie des Germains Scandinaves, tout ce qui est perdu et oublié par leurs cousins du sud.
A l’origine il y avait deux races de dieux, les Ases et les Vanes.
Les premiers étaient dieux de la terre, les seconds ceux du ciel.
Deux Vanes, une déesse et une sorcière, furent capturées pas les Ases pour leur extorquer leurs secrets.
Les Ases durent s’incliner devant les représailles et les deux castes finirent par mettre fin à la guerre pour vivre en harmonie dans le royaume des cieux.
Les principaux dieux Ases sont :
Odin : le dieu suprême, le père de tous il porte le nom de Wotan chez les germains du sud.
Thor : dieu du tonnerre assimilé à Jupiter et Tanaris.
Tyr : dieu de la guerre.
Coté Vanes on note surtout :
Njord : dieu de la mer et des navigateurs
Freyr : Fils de Njord et dieu du soleil.
Freyja : Fille de Njord, déesse de la fécondité, elle est souvent confondue avec Frigg, l’épouse d’Odin.
Des divinités secondaires, esprits, démons et sorcières complètent un panthéon d’une complexité telle qu’on ne peut que conseiller au lecteur de se référer à l’ouvrage de G. Dumenil, "Mythes et dieux de la Scandinavie ancienne" - Gallimard.
Les géants
Comme les habitants de l’Olympe s’opposèrent aux Titans, les dieux du nord finiront par livrer leur ultime combat contre les géants.
Pour les Germains il n’y avait pas d’éternité tant pour le monde que pour les dieux qui n’étaient pas invincibles.
Les géants ont précédé les dieux mais seront exilés dans les terres du froid le Jutunheim, pays des brumes glacées.
Les principaux sont :
Hrungnir, le plus fort qui défia Odin et finit par le battre, Surt le géant du feu, Thiazi le géant de glace qui se métamorphose en aigle, Thrym qui vola le marteau de Thor et d ’autres tous redoutables adversaires des dieux.
Trois années d’hiver eurent raison de la résistance des dieux pendant que leurs ennemis se mobilisaient.
Le dernier assaut eut lieu dans la plaine de Vigrid, presque tout le dieux furent massacrés malgré les héros du Walhalla et les fidèles walkyries.
Seuls les fils d’Odin et de Thor survécurent à la catastrophe.
" Du grand vide on vit resurgir un nouveau monde, et un couple d’humains donna naissance à un nouveau peuple".
Les walkyries
Une approche de la mythologie des Germains ne peut se concevoir sans parler des vierges guerrières, l’escorte d’Odin, celles qui choisissent parmi les héros morts au combats ceux qui sont dignes d’entrer dans le palais d’ Asgard (le Walhalla) pour y préparer l’ultime affrontement avec les géants, aux cotés des dieux.
Chevauchant des étalons sauvages les merveilleuses créatures succombent parfois à des simples mortels.
Brunehilde la plus célèbre et fille préférée d’Odin va connaitre un destin tragique de par son père.
Au Frankeland vivait la seule race humaine de sang divin, Freyja aurait jeté un sort à la reine Vara pour la rendre stérile. Ne pouvant intervenir directement Odin confie à Brunehilde la mission d’aller voler la "pomme d’éternité", dans le jardin de Freyja, le seul moyen de rendre la fertilité à Vara.
Le vol découvert Brunehilde, afin de couvrir son père, reconnait avoir agi de sa propre initiative, néanmoins
il sera contraint de la bannir de l’Asgard en lui retirant son statut divin.
Chez les hommes Brunehilde se mit au service de Vara pour aider à la réunification des tribus germaines, en ayant la mauvaise idée de réveler des vérités sur les comportements divins, un acte impardonnable, Odin fut contraint de condamner sa fille dormir dans une grotte cernée par les flammes jusqu’à ce qu’un héros, assez audacieux vienne la délivrer.
Après avoir récupéré l’anneau des Nibelungen **, en combattant le géant Fafnir un jeune héros Siegfried toujours en quête d’exploits traversa le mur de feu pour libérer la belle de son sommeil éternel.
Amoureux de la walkyrie déchue il doit cependant partir pour une aventure qui le conduira chez le roi Gjurki qui cherchant à marier sa fille Gutrune, l’imposa à Siegfried qui refusa.
Grimhildr la reine utilisa un philtre magique pour rendre le héros amoureux de sa fille, et lui faire oublier Brunehilde qui sous la contrainte épousera Gunther (le frère de Gutrune), après une nouvelle et complexe intrigue.
Brunehilde ne pense plus qu’à se venger de la "trahison" de Siegfried quand elle rencontre Hagen, un ami du héros, qui lui propose de l’assassiner, chose qui sera faite lors d’un singulier duel.
Hagen remettra l’anneau des Nibelungen à Brunehilde qui le tue à son tour.
Aux funérailles de Siegfried la walkyrie se jettera dans le bûcher emportant l’anneau magique dans la mort.
Le lecteur pourra compléter son information à la lecture d’ouvrages comme "Les Germains", de Rolf Hackmann, paru chez Nagel en 1971.
* Une expression idiomatique qualifie ce qui a un sens dans une langue mais qui, traduite littéralement dans une autre, peut n’en avoir aucun.
** http://www.histoire-fr.com/mythologie_scandinave_mythes_1.htm
http://tetralogos.free.fr/resume_wag.htm
http://www.youtube.com/watch?v=1aKAH_t0aXA