Le bouchon en liège, un poids lourd de quelques grammes

Publié le par Daniel Hubinon

Le bouchon en liège, un poids lourd de quelques grammes

Une merveille de la nature qui procure au vin son excellence par un apport lent et continu en oxygène, mais ce n’est pas tout …

Ses principales propriétés

Ecorce d’un chêne spécifique, connu sous le nom générique de chêne-liège, c’est un tissus végétal aux cellules constituées de micro-alvéoles assemblées intimement en très grand nombre, 40 millions par cm3.

Sa structure unique lui confère des caractéristiques exceptionnelles, en particulier :

Imputrescibilité, inertie chimique, imperméabilité aux liquides et gaz, élasticité et résistance à l’usure.

Les cavités de ses alvéoles contiennent un gaz similaire de l’air, sans Co2, qui occupe 90% du volume de la matière et lui confère sa légèreté.

Sa masse volumique est de 160 Kg/m3, en moyenne, selon les variétés.

Il en faut 30 Kg pour fabriquer de l’ordre de 2 000 bouchons adaptés aux dimensions du goulot d’une bouteille standard.

Son histoire, en bref

Connu depuis l’antiquité on le trouve comme obturateur des vases découverts dans les sépultures de l’Egypte ancienne, Pline l’Ancien mentionne que les gaulois l’utilisait pour des semelles de chaussure, les flotteurs de filets de pêche et pour certaines structures et éléments de leurs habitations.

Il a vraisemblablement été découvert au hasard de la trouvaille d’une portion d’écorce détachée naturellement d’un arbre.

Sa culture spécifique, toujours en usage de nos jours, est née des observations de Lucius Columella, un agronome romain du Ie siècle.

C’est au début du XVIIIe siècle que son utilisation pour les bouteilles de vin sera préconisée par un certain Dom Pérignon, son usage se généralisera rapidement chez tous les viticulteurs, principalement en Gaule et en Italie.

La culture du "Quercus suber" (*)

Sa production est localisée essentiellement dans la partie méditerranéenne occidentale, les principaux producteurs sont le Portugal avec 160 000 tonnes , l’Espagne avec 60 000, la production mondiale est elle de l’ordre de 250 000 tonnes, la part utilisée en "bouchonnage" est d’ environ 15%.

L’arbre peut vivre de 120 à 200 ans en donnant 100 Kg de liège, tous les 10 ans, qui permettent la fabrication de l’ordre de 12 000 bouchons.

Le regrettable essor du synthétique (plastique, silicone) pourrait entrainer (selon une étude du WWF) la disparition de 60% des forêts de chênes-lièges au cours des prochaines décénies.

Fort heureusement ils ne remplaceront jamais le bon vieux liège pour les viticulteurs qui veulent continuer à produire un produit de qualité.

Du gland au goulot d’une bouteille de Grevey - Chambertin

Une longue histoire d’amour qui nécessite de la patience, le premier écorçage, éliminé, ne pouvant se faire que sur un arbre âgé d’au moins 35 ans.

10 nouvelles années sont nécessaires pour que se développe la seconde écorce qui pourra être utilisée pour fabriquer, enfin, "le" bouchon qui conservera, en le bonifiant le précieux nectar attendu par tous les amateurs dignes de ce nom.

En plus de la part utilisée pour les bouchons, la partie moins noble sert dans diverses applications pour l’isolation, la décoration, les chaussures, etc.

L’écorce prélevée avec soin subira divers traitements pour obtenir des plaques, ensuite un emporte-pièce calibré est introduit entre la croûte et la mie pour en extraire des "tiges", parfaites, destinées à être débités en petits cylindres d’un poids d’environ 15 grammes.

Les principaux producteurs

- La société Preteux-Bourgeois, créée en 1919 qui en produit plus de 150 millions par année au départ de son site d’Orléans.

- Le groupe Amorim (d’origine portugaise), est implanté en France depuis 1992 sur 3 sites : Bordeaux, Reims et Cognac, avec une production qui avoisine 600 millions, ce qui en fait le leader mondial. Les deux groupes exportent dans toute l’Europe, l’Afrique du Sud, l’Amérique du sud et en même en Chine.

Le contrôle de la qualité à chaque stade de la fabrication (le premier tri conduit à en éliminer de l’ordre de 10%) , est essentiel pour garantir au client un produit conforme à son cahier des charges, chaque pièce étant ensuite marquée à l’encre par un tampon en cuivre (le marquage au feu existe toujours pour les crus "haut de gamme"), avant de subir un dernier tri, manuel, au cours duquel sont prélevés plusieurs exemplaires (ils sont conservés pendant 5 ans) de chaque lot pour assurer la traçabilité d’un élément "défectueux" lors de son usage final.

  • Notons qu’il n’est pas interdit de demander au sommelier d’un restaurant de pouvoir regarder le bouchon, simplement pour savoir d’ou il vient, tout bon bouchonnier le marque de sa griffe.

(*) Le liège naturel est l’écorce du chêne-liège, un arbre cultive dans les pays du bassin méditerranéen (Espagne, Italie, France, Maroc, Algérie et Portugal), .

Les peuplements sont les plus nombreux au Portugal, où la forêt de chênes-lièges occupe une surface totale de 725 000 hectares.

Son analyse chimique révèle différent composants :

  • - la subérine (45%) - qui lui donne son élasticité.
  • - La lignine (27%) - le liant des composants.
  • - les polysaccharides (12%) - contribuant à la texture.
  • - Les tanins (6%) - qui déterminent la couleur.
  • - Les cireux (5%) - assurant l’imperméabilité.
  • - Divers (5%) - minéraux, eau, glycérine et autres.
  • Un futur proche pour le liège
  • Outre son utilisation en isolation acoustique et thermique on le voit prendre un nouvel essor dans la technologie "high-tech" : comme les matériaux composites pour la fabrication de placages muraux, de fonds de coffres pour l’automobile et de structures de type "sandwich" en aéronautique et dans le domaine spatial.
  • Un projet européen vise à commercialiser un drone civil dont le fuselage sera composé d’une structure composite à base de cette merveilleuse écorce.
  • En guise de conclusion
  • Pour les vins la préférence va toujours au cylindre plein composé de liège massif.
  • Pour la bière et les vins moins nobles on utilise le liège aggloméré à partir des chutes de l’écorce.
  • Pour les mousseux, champagnes, cidres et certaines bières il est constitué d’un cône en liège massif surmonté d’une tête en aggloméré, et associé à un muselet qui le fixe au goulot de la bouteille à l’aide d’un fil d’acier doux galvanisé, évitant son expulsion par la pression interne.
  • Il y a quelques années le fin disque en liège, assurant l’étanchéité, des capsules de bouteilles de bière à lui aussi, malheureusement, été remplacé par des matières plastiques.
  • Nous ne pouvons qu’espérer que ce génial petit morceau d’écorce restera toujours le modèle d’une tradition garantissant la qualité organoleptique ( le potentiel de garde et évolution sensorielle des vins en bouteille) de ce produit affectif qu’est le vin.
  • Pour en savoir plus :
  • http://fr.wikipedia.org/wiki/Dégustation_du_vin
  • http://www.vinopole.com/uploads/tx_vinoexperimentation/cliquage_des_vins_rouges.pdf
  • http://www.apcor.pt/userfiles/File/LIEGE_MATIERE_PREMIERE_FR.pdf
A l'état brut

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Le bouchon en liège, un poids lourd de quelques grammes
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Le synthétique

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Parfait pour la bière

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