« Je me suis assis au près de son âme / Mais la belle dame s'était enfuie» : les paroles les plus bêtes qui s'ancrent facilement dans nos mémoires
Les chansons débiles existaient bien avant l’invention du disque
Arrêtons-nous un instant sur le texte chanté par Thérésa en 1863 : la chanson s’intitule « Les canards tyroliens » :
« Quand c’est des canards tyroliens / tra ou la ou la / tra ou la ou la / Couin couin couin couin couin / c’est des canards tyroliens / tra ou la ou la / tra ou la ou la / Couin couin couin couin couin ».
Ca ne s’invente pas !
Et j’ai crié… crié… Aline, pour qu’elle revienne
Personne n’aurait l’idée de s’asseoir auprès d’une âme… sauf Christophe. Cela ne l’a pas empêché, depuis 1965, de vendre des millions d’exemplaires de « Aline » avec des paroles d’une beauté déchirante :
« Et j'ai pleuré, pleuré, oh! j'avais trop de peine ».
L’année suivante, l’artiste (qui, hélas, insistait un peu trop lourdement sur les fins de phrases) chantait « Les Marionnettes », pas inintéressant non plus :
« Moi, je construis / Des marionnett’TEUH / Avec de la ficelle / et du papier / Elles sont jolies / Les mignone-è-è-TEUH / Je vais… Je vais… Vous les présenter ».
Effectivement on brûle d’envie qu’il nous les présente :
" L'une d'entre elles est la plus bê-LEUH / Elle sait bien dire / "Papa, maman" / Quand à son frère il peut prédi-I-REUH / Pour demain la pluie ou bien le beau temps »
Mais cinq ans auparavant, on entendait à la radio des rengaines pas beaucoup plus intelligentes.
Une starlette s’en était fait la championne… Gillian Hills
Spécialiste des titres intellectuels, Gillian Hills n’a jamais été fort connue.
Elle est née au Caire, tout comme Dalida et Richard Anthony.
En 1958, Vadim la remarque sur une plage de Nice ; l'ingénue n'a que quatorze ans. Vadim lui confiera un rôle dans « Les Liaisons dangereuses 1960 ».
Elle attire l'attention d'Eddie Barclay Il lui propose de chanter.
Bien qu'elle y arrive grippée et fortement enrouée, l'audition s'avère positive.
Sa meilleure réussite : « Je reviens vers le bonheur », version française de « Walkin' Back To Happiness » de Helen Shapiro.
Quelques vinyls marchent plutôt bien, et pourtant c’est n’importe quoi : « Coucouche panier », « Zou bisou », « Allo Brigitte Babylone 21-29 » (en hommage à Brigitte Bardot), "TUTT TUTT TUTT TUTT" (voir photo). Des disques agaçants, des titres qui portent sur les nerfs. Malgré cette médiocrité, Gillian a le vent en poupe, et le chanteur Frankie Jordan lui demande de chanter en duo avec lui pour la firme RCA. Or elle est sous contrat Barclay.
Obligée de laisser la place à Sylvie Vartan pour « Panne d'essence », elle manque l'ascenseur pour la gloire. On la voit ensuite subrepticement aux côtés de Jane Birkin dans « Blow Up », de Michelangelo Antonioni (tourné en 1966, sorti l’année suivante). Elle décroche un petit rôle, les cheveux teints en orange, dans, justement, « Orange mécanique », de Stanley Kubrick.
Méconnue, Gillian est pourtant pour certains une véritable artiste culte, au point d'avoir fait l'objet d'un timbre édité en 2005 par la Poste belge. Son papa eut une vie encore plus mouvementée Dennis Hills, qui vécut en Ouganda, publia, en 1975, un pamphlet à l’encontre de Idi Amin Dada, le décrivant comme un "tyranneau de village". Celui-ci le plaça en détention et exigea du ministre britannique des Affaires étrangères qu’il vienne réclamer sa grâce à genoux. Papa Hills est l’un des quatre Blancs à avoir véhiculé le tyran sur sa chaise à porteurs. Les Hills, quelle famille !